[-] setokesan@jlai.lu 1 points 8 months ago* (last edited 8 months ago)

My pleasure, I'm also very fond of this genre :)
If you are curious of french animation films, I just remembered "Le roi et l'oiseau". It was my favorite as a kid. And if you liked the city of lost children, it will feel familiar. Sort of the same melancholia.
https://m.imdb.com/video/vi896380441/?playlistId=tt0079820&ref_=tt_ov_vi
I assume it will be hard to find, sadly. There is this version on archive.org, though, if you can understand french or spanish.
https://archive.org/details/LeRoiEtLOiseau_201709

[-] setokesan@jlai.lu 1 points 8 months ago* (last edited 8 months ago)

With The congress and Eternal sunshine of a spotless mind, you’re in for a treat. I think Tideland checks the box as well. They are not exactly a narrative happening in another world, but the feeling of strangeness is good enough imo.
Honorable mention to the french odd ball named "la planete sauvage", though it is an animation film.

[-] setokesan@jlai.lu 1 points 11 months ago

Merci de ton commentaire. J'ai ajouté le lien au texte.

[-] setokesan@jlai.lu 1 points 11 months ago

Je te remercie pour ta recommandation @Snoopy@jlai.lu
Je vais voir comment créer un compte Mastodon et cross-poster (croiser-poster 🤷 ?).

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submitted 1 year ago* (last edited 11 months ago) by setokesan@jlai.lu to c/france@jlai.lu

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Suite de Serveur confusion - ep. 04 - GPU

Premier épisode ici

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Si vous lisez ce texte, laissez-moi vous dire une chose. Je suis encore dans les parages.

J'ai commencé à écrire ce journal pour passer le temps et arrêter d'oublier des détails de ma vie. Le tout est enregistré sur un cloud décentralisé, basé sur une blockchain. Grâce à cette technologie supposée renversante, le fournisseur du service le vante comme suit : 
“Un cloud aux données garanties permanentes.”

J'en ris. Pas aux larmes, mais c'est suffisant pour expirer un peu d'air de mon nez. 200 ans et plus de stockage, n'a rien de permanent. D'ailleurs, que ce passera-t-il lorsque tous les ordinateurs nœud de cette blockchain seront finalement éteints ? Cela signifiera une chose ou l'autre, la société telle que je la connais aujourd'hui se sera effondrée ou ces bêtises technologiques d'un monde 2.0 ne seront finalement plus au gout du jour. Mais je peux seulement vous garantir une chose : je serai encore dans les parages.

Donc si vous lisez ce texte, je vous félicite. Vous faites maintenant partie d'une élite incroyable, au pouvoir de craquer une clé d'encryptage sha256 en moins de plusieurs milliards de milliards d'années. J'ose imaginer que les ordinateurs quantiques se sont finalement démocratisés alors. Ou théoriquement, avez-vous réussi à voler ma clé privée. Comme si vous ayez été en pouvoir de me voler quoi que ce soit. Vous ne pouvez pas le voir, mais je ris en écrivant cela. Je me moque de vous. Je pousse de l'air de mon nez à votre dépit.
Non, autant cela m'ennuie de l'admettre, il y a plus de chances que vous n'existiez simplement pas. Cela m'attriste un peu, mais je suis presque sûr d'écrire ces lignes pour me défouler, et les livrer au silence familièrement borné du néant.

Mais je vais jouer le jeu. Pendant un instant, quoi que vous soyez, vous allez être mon intime confident et mon meilleur ami pour la vie.

Au début, on tombe amoureux, on construit une famille. Une fois, deux fois, même au bout de dix fois, une autre âme nous touche. Une autre étincelle jaillit le temps d’un énième amour. Mais comme pour les guerres, après quelques dizaines, soyons réaliste. Ça ne fait plus rien.
Je ne méprise pas les mortels. Mais voyons les choses en face, nous ne sommes plus de la même espèce. Vous avez déjà interféré avec une colonne de fourmis ? Vous avez vu comme elle se reforme ? Et bien l’Humanité c’est pareil. Même le plus innommable des génocides, le Monde oublie après quelques décennies.

Vos livres ont marqué la naissance de grands mouvements, refait le monde. Vos musiques ont fait marcher des générations à la guerre ou ont rapproché des peuples qui n'avaient rien en commun. Votre art est beau et unique et vivant, à votre image. Or, savez-vous pourquoi la poussière est toujours grise ? La poussière aussi est un fourmillement, une plénitude de vies et de richesses. Alors pourquoi à vos yeux c'est gris ? Il y a beau y avoir au détail tout un monde de peaux mortes, poils de chat et d'humain, cheveux, particules de nourriture et d'excréments, acariens morts et vivants. Fibres de vêtements, particules de plomb ou de PVC, traces de peinture, de fumée de cigarette et gaz de voitures. À vos yeux, c'est gris. Pourquoi ?

Il s'avère que tous ces éléments mis ensemble sont terminalement infinitésimaux. Si bien que la lumière ne peut interagir correctement avec eux. Lisez si insignifiants, qu'ils n'ont pas de couleur. Vous voyez où je veux en venir. C'est une métaphore pour dire que votre monde est en noir et blanc, dans un univers dont moi seul voit les couleurs. Et c'est pour ça que je m'ennuie à mourir. Ne tournons pas autour du pot.

Oh, j'étais comme vous il y a des temps immémoriaux. Je suis né d'une mère comme vous et j'ai grandi, comme vous tous. Nous n'avions pas le chauffage à cette époque. Ni des tennis confectionnés par des esclaves de l'autre bout du Monde, pour courir confortablement. Pas de fibre de verre pour isoler nos murs, et certainement pas de transports en commun. La vie était plus calme, et certainement moins peuplée, il va sans dire.

Je ne me souviens pas des visages de mes proches, les détails sont flous. Mais je me souviens être tombé malade. Nous ne savions pas ce qu'était un virus a cette époque, et je ne comprenais pas que la grippe menaçait de m'emporter heure après heure. Mes géniteurs ont pleuré à mon chevet. Il se préparaient à me voir partir dans un délire fiévreux.

Mais j'ai survécu.  Puis j'ai survécu à leur mort. J'ai survécu à la guerre qui a ravagé mon pays natal. 

Puis j'ai survécu aux autres guerres qui se comptent par centaines. S'il y a bien une chose que vous aimez, c'est la guerre.  Fort heureusement, les matchs UFC et les débats houleux existent pour vous défouler aujourd'hui. Vous n'avez pas idée.

C'est un bien évident euphémisme mais : Il va sans dire que je m'ennuie. 

À l'évidence, j'ai bien essayé de me divertir de par toutes les activités possibles et imaginables. Pour être franc avec vous, j'en ai d'ailleurs perdu le compte. Il était question de sauver des vies, mettre fin à des conflits nationaux. Sensations fortes, saut en parachute. Essayez de sauter d’un avion quand vous ne pouvez pas mourir, vous ! Ça ne vous procurera pas le moindre frisson, je vous le garantis.
Parfois l'ennui monochrome et la solitude m’étreignent et frappent si fort que je me replie sur moi. S’ensuivent 30 ans,50 ans,70 ans, de réclusion dans une grotte ou sur un sommet de montagne. Mais je suis toujours de retour.

Il n'existe pour moi qu'un seul passe-temps. Vous trouverez sans doute le sujet délicat et je m'amuse de l'hypocrisie. Mais je comprends. Alors comprenez à votre tour que même la mort tragique d’un être qui vous est cher, quand bien même votre monde s’écroule, l’Univers s’en fout. Et si l’Univers s’en fout, moi je m’en fous aussi. Un humain est un amas de cellules divisible, un corps en décrépitude qui se meut. Dans quelques décennies, il n’y aura plus de trace de votre passage. Tout le monde est remplaçable ; à part moi.

Je suis un junkie d’adrénaline. Ce shoot que mon cerveau reptilien continue de me fournir jusqu’à aujourd’hui. Rien, vraiment rien ne me distrait comme tuer.

C’est vrai que les premiers siècles de ma vie, c’était un peu perturbant. L’empathie frappe et l’on se sent mal à l’aise. On se retrouve même à se confondre en excuse face au regard vitreux du corps qui s’affaisse. Puis au fur et à mesure, on accepte l’évidence. Vous n’êtes rien de plus que de beaux papillons éphémères. Tous différents et tous semblables. À la lisière de votre vie, c’est à-peu-près continuellement la même histoire. Vous suppliez et négociez. Puis, vous vous mettez en colère. Et à la fin, vous vous résignez. Ou une autre combinaison du même genre. Enfin, vu votre ridicule espérance de vie, à tous, imaginez bien que votre réaction, c’est presque du copier-coller.

Mais Léon, je dois avouer qu’il est différent.
Léon, c'est le premier ami que j’aie eu depuis une éternité. Léon quand je l’ai menacé avec une arme il a pas cherché à s’enfuir ou me désarmer. Il s’est pas mis à genoux, il a pas hurlé.
Léon, il s’est mis à me raconter des blagues. De bonnes blagues en plus, je sais pas d’où il tient ça, c’est incroyable. Il nous arrive encore de nous asseoir parfois et pendant des heures, je ris aux larmes de ses histoires. Il est vraiment unique au monde.
    Or, le temps lui est aussi compté, à mon ami. Et lorsque je le regarde dormir avec ses cheveux grisonnants, je ne vois rien d’autre que son échéance prochaine. Ça me brise le cœur. La tristesse et l’urgence de sa courte vie me pèsent alors si fort, que je frappe d’un coup sec aux barreaux de sa cage. Comme à chaque fois, il sursautera et s’assoira dans un souffle. La gueule enfarinée, les yeux rougis et cernés il regardera dans ma direction. Il regardera vers moi et dira la voix tremblante :
“OK patron, de quoi on veut parler aujourd’hui ?”

Et de cette voix éclatera un petit rire nerveux.

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GPU

Au début, il n'y avait rien. Le noir complet. Le silence absolu.

Puis émergeant du vide, un premier bang. De nouveau le silence. Toujours rien. Les ténèbres.

Vint le deuxième bang. Et un troisième. Et encore un, encore un, puis un autre. Un bruit imparfaitement régulier. Un cheval au galop. Une locomotive à vapeur.

Vous avez pensé que je vous raconterais l'histoire du Big Bang, hein. Non, cette histoire est bien plus ennuyeuse. C'est l'histoire d'un cœur qui bat. Et aussi pas mal celle du cerveau attaché au même corps. Le propriétaire de ce cerveau et de ce cœur se reconnaitra un jour sous le nom de Dan. Mais pour le moment ce n'est pas grand-chose. Et ce pas grand-chose se forme dans l'obscurité.

Sa chair est encore si transparente qu'on en voit les veines, traversées d'un sang clair. Pas encore de métaux lourds emmagasinés par la consommation de cigarette. Le foie est pur et rose et bien formé. Le tout est un joli bouquet garni de chair et d'espoir.

Le rythme de battement du cœur variera peu au fil du temps, si ce n'est à diverses occasions, entre-autres l'assimilation de diverses substances. Par exemple, il s'accèlerera le jour où il dira à Gabriel qu'il l'aime. Mais aussi le jour où dans la cour de récré il se fera humilier par Estelle et le groupe de filles. Mais ce ne sera rien comparé à la première fois où il prendra de la MDMA. Le jour où il tuera un autre humain, sera le plus vite qu'il battra sans une once de doute. Là il frôlera de peu l'arrêt et la mort.

Mais revenons à ce cerveau.

Dans 7 ans, le reste du Monde comprendra qu'il n'est pas très intelligent. Il pourra résoudre des problèmes complexes c'est vrai, plus rapidement que la moyenne. Mais que sont ces aptitudes, si la motricité et la compréhension du langage et des émotions sont en retard de plusieurs années. Les géniteurs de l'organisme de notre histoire sont et resteront pauvres, jeunes et mal guidés. Ils ne sauront pas quoi faire de la spécifité de Dan. Ils le couvriront d'amour, ce qui n'est déjà pas mal, et lui transmettront le sentiment qu'il est très spécial.

Ainsi, Dan entamera la fin de son enfance avec la conviction qu'il est en effet, très spécial.

Dans 14 ans, le cerveau ne sera toujours pas très futé. Son possesseur fera partie de gangs de “cool kids” qui fument, boivent et dealent. Ces gamins apprécieront la naïveté de notre sujet. Il se forcera à rire à toutes leurs blagues, même s'il ne les comprend pas toujours, et fera toutes les tâches risquées sans se poser de questions. Il volera des bouteilles de vodka dans les étalages, insultera les profs parce que ça fait rire la classe. Parce que les autres le feront se sentir spécial.

Dans 15 ans, quand le cerveau fera l'expérience du premier joint, il détestera. Il n'aimera ni le ralentissement, ni la déconnexion forcée des autres membres interconnectés. Mais il s'y fera. Parce que l'activité lui fera se sentir spécial et membre à part entière, du groupe des “cool kids”. Par contre l'alcool deviendra dès lors un vice qu'il gardera longtemps. Un outil redoutable d'intimité synthétique qui lui fera se sentir bien, presque normal. À sa place, au milieu de tous. Et des filles.

Dans 17 ans, Dan fera de la prison. Il se sera fait choper à vendre de la coke et son binôme s'enfuira sans lui, en scooter. Ça sera un tournant pour lui. Il voudra faire autre chose de sa vie pour changer. À sa sortie, il demandera à son cousin de le prendre en essai dans son magasin d'informatique de quartier. Lorsque le rideau de métal se fermera tous les soirs, il s'exercera sur un ordinateur poussiéreux et bruyant, dont le système d'exploitation sera alors dépassé de deux décennies. Il manipulera des tableaux dynamiques, écrira son premier programme. Jouera au solitaire et au démineur.

Dans 21 ans, son cousin comprendra finalement qu'il n'est pas si con. Le petit débile aura écrit son premier algorithme génétique et son premier classeur de tableaux dynamiques en apprentissage automatique. Un jour ou l'autre il en arriverait peut-être même à réclamer les centaines d'heures supplémentaires qui lui sont dues, voire la hausse de son salaire de misère. Il commencera à considérer le pousser à la démission, mais n'aura pas à se donner cette peine : Dan piquait dans la caisse depuis des mois pour s'acheter de la meth.

S'ensuivra une violente altercation ou Dan cèdera à la panique et s'enfuira avec le vieil ordinateur, après avoir asséné un vilain coup à la tête de son cousin. Il le laissera inconscient sur le sol derrière lui, et tous deux ne se reparleront plus jamais.

Dans 23 ans, le cerveau sera aux faits de toutes les théories conspirationnistes de son époque. Elles se compteront par dizaines de milliers et le compte se sera accéléré avec l'air de fin du Monde qui semble se profiler. Les allocations lui permettront de se donner à plaisance à ses activités de recherche à travers la toile. Il en oubliera souvent de se laver, mais qu'importe puisqu'il vivra seul.

Sa première théorie, qu'il écrira à travers un blog, n'attirera aucune attention. Cet essai sera une tentative maladroite de rapprochement de la biologie, au sens large et des systèmes informatiques. Il est vrai que l'article sera mal écrit et incohérent. Or, ce premier article est la raison même pour laquelle cette histoire existe. Il y a plus de cent milliards d'Homo sapiens sapiens nés jusqu'à quelques secondes avant le premier battement de cœur. Or peu d'entre eux auront réussi, à l'instar de notre protagoniste, à expliquer en des mots simples et digestes, le devenir fataliste de leur Univers.

Mais revenons à cet algorithme génétique.

Un soir dans le silence du magasin fermé, seul le visage de Dan est éclairé par la lumière bleue de l'écran cathodique. Le cerveau va vite, il est dans la zone de concentration parfaite où tout est magique, tout devient possible. Son hôte grimace, est secoué de spasmes et par intervalle, des petits sons sortent de la bouche. Le cerveau va peut-être trop vite.

Il se renseigne sur les algorithmes qui miment les lois de Dame Nature.

“Un programme informatique basé sur de tels algorithmes, est semblable à un petit microcosme avec une population. Il y a des papas et des mamans, sélectionnés ensemble pour procréer. Leur code génétique n'est rien de plus complexe, que deux tableaux remplis de zéro et de un, par individu.” “Lors de la phase de reproduction, ces tableaux sont coupés en deux et chaque moitié est recollée à une moitié de l'autre parti. Il en résulte quatre tableaux. On appelle ce processus “Enjambement”. Seuls deux des tableaux résultants sont sélectionnés pour représenter le code génétique du nouvel individu. Et voilà. Surprise du chef à la Mendel. Un mini-moi à ajouter à la population.” “Mais non attend, ce n'est pas complet.”

Dan se balance d'avant en arrière et se gratte la tête à répétition.

“Au bout de quelques générations les individus sont tous pareils, il n'y a plus de diversité dans la population. Sans varieté, la population stagne. Il n'a pas de stagnation viable dans la nature. Il faut une étape supplémentaire à la reproduction pour assurer la nouveauté dans leur code génétique.” “La solution après l'enjambement, est l'introduction d'une "mutation". Une valeur dans chacun des deux tableaux du nouveau-né est changée au hasard. Un zéro devient un, ou l'inverse.”

Les yeux s'écarquillent et le corps reste immobile quelques secondes. Le cerveau comprend intuitivement qu'il y à quelque chose à creuser, quelque chose liée au Monde qui l'entoure. Mais quoi.

Dans 26 ans, les détritus de l'appartement de Dan lui porteront compagnie. Le cœur aura commencé ses premières crises arythmiques, dans un corps malmené et en carence. L'individu aura créé son premier jeu vidéo basé sur un algorithme génétique et le mettra à disposition gratuitement. Les joueurs du monde entier évalueront le produit comme “une expérimentation médiocre”. Ils utiliseront des adverbes tels que “dérangeant”, “bizarre" ou encore “lugubre”. Le jeu tombera vite dans l'oubli, mais Dan sera déjà passé à autre chose.

Dans 28 ans, les théories complotistes auront plus que jamais la botte. La dernière en date sera due à un amateur d'astre, qui aura pris en photo la galaxie. Un pixel sur l'image aura une couleur inexplicable : fuchsia. L'expérience sera reproduite les jours suivants par des télescopes du monde entier, vite balayée de la main par les médias, toutefois.

Ce sera le déclic pour le cerveau, le début d'une longue série de découvertes et de conclusions justes. Il est à déplorer que le système de points et récompenses, dont l'humain est si friand, manque tant de qualité dans le règne naturel. Dans un monde parfait, Dan aurait au moins reçu un badge ou une sucette, pour ses découvertes exemplaires. Il ne recevra pourtant que discrédit et humiliations.

Il se sera mis en tête de créer un podcast et communiquer au monde ses théories.

"Vous vous extasiez tous sur une série de photographies qui sort de nulle part. Vous savez ce dont on est capable de nos jours avec les deep fake ?!!" "Si et seulement si ces images étaient bien réelles et ses auteurs de bonne foi, ça signifierait que le programme qui rend le fond de la galaxie a perdu l'image qu'il devait rendre. En résulterait son absence, illustrée par la couleur fuchsia." "C'est ce qui arrive dans un jeu vidéo. Si une image est introuvable, le programme la remplacera par du fuchsia ou du vert. C'est bien connu. Et si cela venait à arriver dans le monde réel, je ne perdrais pas mon temps, comme vous tous, à m'exciter sur les réseaux sociaux, parce que ce serait très, mais alors vraiment très grave. Ouvrez les yeux, troupeaux de moutons décérébrés !"

Peut-être que l'Humanité n'aura pas été prête à entendre une vérité aussi brutale, ou plus surement le ton absolument abrasif de notre sujet n'aura pas été au goût de tous.

Il n'en reste que le protagoniste de cette histoire recevra une attention indésirable. Il deviendra un même sur les réseaux sociaux, où sa tête aura été remplacée par celle d'un cheval. Une chanson qui le tourne en dérision deviendra violemment virale, et il recevra quotidiennement des menaces de mort. Tout le monde lui écrira de se foutre en l'air.

C'est une option que le cerveau envisagera pendant plusieurs mois.

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Suite de Serveur confusion - ep. 03 - Service desk

https://jlai.lu/post/151934

Cette nouvelle est la première partie d'une trilogie

GPU

Au début, il n'y avait rien. Le noir complet. Le silence absolu.

Puis émergeant du vide, un premier bang. De nouveau le silence. Toujours rien. Les ténèbres.

Vint le deuxième bang. Et un troisième. Et encore un, encore un, puis un autre. Un bruit imparfaitement régulier. Un cheval au galop. Une locomotive à vapeur.

Vous avez pensé que je vous raconterais l'histoire du Big Bang, hein. Non, cette histoire est bien plus ennuyeuse. C'est l'histoire d'un cœur qui bat. Et aussi pas mal celle du cerveau attaché au même corps. Le propriétaire de ce cerveau et de ce cœur se reconnaitra un jour sous le nom de Dan. Mais pour le moment ce n'est pas grand-chose. Et ce pas grand-chose se forme dans l'obscurité.

Sa chair est encore si transparente qu'on en voit les veines, traversées d'un sang clair. Pas encore de métaux lourds emmagasinés par la consommation de cigarette. Le foie est pur et rose et bien formé. Le tout est un joli bouquet garni de chair et d'espoir.

Le rythme de battement du cœur variera peu au fil du temps, si ce n'est à diverses occasions, entre-autres l'assimilation de diverses substances. Par exemple, il s'accèlerera le jour où il dira à Gabriel qu'il l'aime. Mais aussi le jour où dans la cour de récré il se fera humilier par Estelle et le groupe de filles. Mais ce ne sera rien comparé à la première fois où il prendra de la MDMA. Le jour où il tuera un autre humain, sera le plus vite qu'il battra sans une once de doute. Là il frôlera de peu l'arrêt et la mort.

Mais revenons à ce cerveau.

Dans 7 ans, le reste du Monde comprendra qu'il n'est pas très intelligent. Il pourra résoudre des problèmes complexes c'est vrai, plus rapidement que la moyenne. Mais que sont ces aptitudes, si la motricité et la compréhension du langage et des émotions sont en retard de plusieurs années. Les géniteurs de l'organisme de notre histoire sont et resteront pauvres, jeunes et mal guidés. Ils ne sauront pas quoi faire de la spécifité de Dan. Ils le couvriront d'amour, ce qui n'est déjà pas mal, et lui transmettront le sentiment qu'il est très spécial.

Ainsi, Dan entamera la fin de son enfance avec la conviction qu'il est en effet, très spécial.

Dans 14 ans, le cerveau ne sera toujours pas très futé. Son possesseur fera partie de gangs de “cool kids” qui fument, boivent et dealent. Ces gamins apprécieront la naïveté de notre sujet. Il se forcera à rire à toutes leurs blagues, même s'il ne les comprend pas toujours, et fera toutes les tâches risquées sans se poser de questions. Il volera des bouteilles de vodka dans les étalages, insultera les profs parce que ça fait rire la classe. Parce que les autres le feront se sentir spécial.

Dans 15 ans, quand le cerveau fera l'expérience du premier joint, il détestera. Il n'aimera ni le ralentissement, ni la déconnexion forcée des autres membres interconnectés. Mais il s'y fera. Parce que l'activité lui fera se sentir spécial et membre à part entière, du groupe des “cool kids”. Par contre l'alcool deviendra dès lors un vice qu'il gardera longtemps. Un outil redoutable d'intimité synthétique qui lui fera se sentir bien, presque normal. À sa place, au milieu de tous. Et des filles.

Dans 17 ans, Dan fera de la prison. Il se sera fait choper à vendre de la coke et son binôme s'enfuira sans lui, en scooter. Ça sera un tournant pour lui. Il voudra faire autre chose de sa vie pour changer. À sa sortie, il demandera à son cousin de le prendre en essai dans son magasin d'informatique de quartier. Lorsque le rideau de métal se fermera tous les soirs, il s'exercera sur un ordinateur poussiéreux et bruyant, dont le système d'exploitation sera alors dépassé de deux décennies. Il manipulera des tableaux dynamiques, écrira son premier programme. Jouera au solitaire et au démineur.

Dans 21 ans, son cousin comprendra finalement qu'il n'est pas si con. Le petit débile aura écrit son premier algorithme génétique et son premier classeur de tableaux dynamiques en apprentissage automatique. Un jour ou l'autre il en arriverait peut-être même à réclamer les centaines d'heures supplémentaires qui lui sont dues, voire la hausse de son salaire de misère. Il commencera à considérer le pousser à la démission, mais n'aura pas à se donner cette peine : Dan piquait dans la caisse depuis des mois pour s'acheter de la meth.

S'ensuivra une violente altercation ou Dan cèdera à la panique et s'enfuira avec le vieil ordinateur, après avoir asséné un vilain coup à la tête de son cousin. Il le laissera inconscient sur le sol derrière lui, et tous deux ne se reparleront plus jamais.

Dans 23 ans, le cerveau sera aux faits de toutes les théories conspirationnistes de son époque. Elles se compteront par dizaines de milliers et le compte se sera accéléré avec l'air de fin du Monde qui semble se profiler. Les allocations lui permettront de se donner à plaisance à ses activités de recherche à travers la toile. Il en oubliera souvent de se laver, mais qu'importe puisqu'il vivra seul.

Sa première théorie, qu'il écrira à travers un blog, n'attirera aucune attention. Cet essai sera une tentative maladroite de rapprochement de la biologie, au sens large et des systèmes informatiques. Il est vrai que l'article sera mal écrit et incohérent. Or, ce premier article est la raison même pour laquelle cette histoire existe. Il y a plus de cent milliards d'Homo sapiens sapiens nés jusqu'à quelques secondes avant le premier battement de cœur. Or peu d'entre eux auront réussi, à l'instar de notre protagoniste, à expliquer en des mots simples et digestes, le devenir fataliste de leur Univers.

Mais revenons à cet algorithme génétique.

Un soir dans le silence du magasin fermé, seul le visage de Dan est éclairé par la lumière bleue de l'écran cathodique. Le cerveau va vite, il est dans la zone de concentration parfaite où tout est magique, tout devient possible. Son hôte grimace, est secoué de spasmes et par intervalle, des petits sons sortent de la bouche. Le cerveau va peut-être trop vite.

Il se renseigne sur les algorithmes qui miment les lois de Dame Nature.

“Un programme informatique basé sur de tels algorithmes, est semblable à un petit microcosme avec une population. Il y a des papas et des mamans, sélectionnés ensemble pour procréer. Leur code génétique n'est rien de plus complexe, que deux tableaux remplis de zéro et de un, par individu.” “Lors de la phase de reproduction, ces tableaux sont coupés en deux et chaque moitié est recollée à une moitié de l'autre parti. Il en résulte quatre tableaux. On appelle ce processus “Enjambement”. Seuls deux des tableaux résultants sont sélectionnés pour représenter le code génétique du nouvel individu. Et voilà. Surprise du chef à la Mendel. Un mini-moi à ajouter à la population.” “Mais non attend, ce n'est pas complet.”

Dan se balance d'avant en arrière et se gratte la tête à répétition.

“Au bout de quelques générations les individus sont tous pareils, il n'y a plus de diversité dans la population. Sans varieté, la population stagne. Il n'a pas de stagnation viable dans la nature. Il faut une étape supplémentaire à la reproduction pour assurer la nouveauté dans leur code génétique.” “La solution après l'enjambement, est l'introduction d'une "mutation". Une valeur dans chacun des deux tableaux du nouveau-né est changée au hasard. Un zéro devient un, ou l'inverse.”

Les yeux s'écarquillent et le corps reste immobile quelques secondes. Le cerveau comprend intuitivement qu'il y à quelque chose à creuser, quelque chose liée au Monde qui l'entoure. Mais quoi.

Dans 26 ans, les détritus de l'appartement de Dan lui porteront compagnie. Le cœur aura commencé ses premières crises arythmiques, dans un corps malmené et en carence. L'individu aura créé son premier jeu vidéo basé sur un algorithme génétique et le mettra à disposition gratuitement. Les joueurs du monde entier évalueront le produit comme “une expérimentation médiocre”. Ils utiliseront des adverbes tels que “dérangeant”, “bizarre" ou encore “lugubre”. Le jeu tombera vite dans l'oubli, mais Dan sera déjà passé à autre chose.

Dans 28 ans, les théories complotistes auront plus que jamais la botte. La dernière en date sera due à un amateur d'astre, qui aura pris en photo la galaxie. Un pixel sur l'image aura une couleur inexplicable : fuchsia. L'expérience sera reproduite les jours suivants par des télescopes du monde entier, vite balayée de la main par les médias, toutefois.

Ce sera le déclic pour le cerveau, le début d'une longue série de découvertes et de conclusions justes. Il est à déplorer que le système de points et récompenses, dont l'humain est si friand, manque tant de qualité dans le règne naturel. Dans un monde parfait, Dan aurait au moins reçu un badge ou une sucette, pour ses découvertes exemplaires. Il ne recevra pourtant que discrédit et humiliations.

Il se sera mis en tête de créer un podcast et communiquer au monde ses théories.

"Vous vous extasiez tous sur une série de photographies qui sort de nulle part. Vous savez ce dont on est capable de nos jours avec les deep fake ?!!" "Si et seulement si ces images étaient bien réelles et ses auteurs de bonne foi, ça signifierait que le programme qui rend le fond de la galaxie a perdu l'image qu'il devait rendre. En résulterait son absence, illustrée par la couleur fuchsia." "C'est ce qui arrive dans un jeu vidéo. Si une image est introuvable, le programme la remplacera par du fuchsia ou du vert. C'est bien connu. Et si cela venait à arriver dans le monde réel, je ne perdrais pas mon temps, comme vous tous, à m'exciter sur les réseaux sociaux, parce que ce serait très, mais alors vraiment très grave. Ouvrez les yeux, troupeaux de moutons décérébrés !"

Peut-être que l'Humanité n'aura pas été prête à entendre une vérité aussi brutale, ou plus surement le ton absolument abrasif de notre sujet n'aura pas été au goût de tous.

Il n'en reste que le protagoniste de cette histoire recevra une attention indésirable. Il deviendra un même sur les réseaux sociaux, où sa tête aura été remplacée par celle d'un cheval. Une chanson qui le tourne en dérision deviendra violemment virale, et il recevra quotidiennement des menaces de mort. Tout le monde lui écrira de se foutre en l'air.

C'est une option que le cerveau envisagera pendant plusieurs mois.

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Service Desk

< frenzylullaby | 2 février, 19:02 >

> Bonjour à tous,

> J'espère que c'est le bon salon pour soumettre ce genre de problème. Sinon merci de m'indiquer à quel autre endroit je pourrais le poster.

> Je suis en vacances chez mon grand père depuis une semaine, et j'en profite pour rafraichir son vieil ordinateur. Comme d'habitude, la machine est remplie de bloatware et malware. J'ai installé les logiciels de cleanup habituels, nettoyé la base de registre et scanné le système d'exploitation pour enlever les programmes malveillants.

> Mais j'ai rencontré un problème inhabituel et je n'ai aucune idée de comment le résoudre.

> Hier, pendant que mon grand père consultait ses mails, le curseur s'est mis à bouger tout seul. Il s'est déplacé vers la corbeille et a vidé son contenu. Ce qui est étrange, c'est que j'ai bien vérifié qu'il n'y avait pas de backdoor, ni de port inutilement ouvert. Je n'ai pas la moindre idée de comment le hackeur a réussi à prendre le contrôle du bureau. Bien entendu, mon premier réflexe a été de débrancher le câble ethernet et de m'assurer que l'ordinateur ne peut pas se connecter au WIFI. Mais je n'ai aucune idée de comment, la souris a continué de s'animer toute seule.

> J'ai redémarré le poste et de nouveau, le curseur en autopilote. Une idée de ce qui pourrait causer ce comportement ? Parce qu'en attendant, papi et moi, on a pas mal les flippes.

--

< BeaujoletNovice | 2 février, 19:14 >

> Je peux pas prendre ça au sérieux on dirait un creepy pasta. 

--

< PM_YOUR_KITTIES | 2 février, 19:18 >

> Ouais, ca m'a tout l'air d'un creepy pasta. Ou alors le début d'un de ces Alternative Reality Games ? Sérieux, ce forum devient vraiment n'importe quoi. C'est déjà bien le bordel depuis que les développeurs ont accepté l'intégration des IA.

--

< MrBottyBot | 2 février, 19:19 >

> Avez-vous essayé d'éteindre et rallumer votre ordinateur ? Selon notre sondage, 69.7% des problèmes informatiques peuvent se résoudre de cette manière.

--

< PM_YOUR_KITTIES | 2 février, 19:21 >

> Jesus, est-ce que les mods ne peuvent rien faire pour virer ces bots du salon ?! C'est du bruit pour rien.

--

< BenoitDumel - modérateur 2 février, 20:11 >

> @PM_YOUR_KITTIES, non je n'ai pas le pouvoir d'enlever les bots du salon malheureusement. Mais la discussion ne se porte pas sur le choix des devs, et j'aimerais qu'on ne parte pas hors sujet.

> À propos du post, @frenzylullaby est dans ce forum depuis 2016 et y a beaucoup contribué. C'est vrai que c'est un peu alambiqué, mais son histoire me semble légitime

– 

< tout-frais-meilleur-dong  | 2 février, 21:34 >

> Est-ce que la machine de ton grand père a un logiciel de bureau à distance installé, genre TeamViewer ? Ce type de logiciel a des vulnerabilités qui pourraient causer ce genre d'intrusion. À part ça, si l'ordi est coupé d'internet, c'est bizarre en effet. 

--

< J<3lesBourritos | 2 février, 21:43 >

> Vous vous prenez tous la tête pour rien. Je parie qu'il y a un programme qui fait bouger le curseur aléatoirement. Vous vous faites juste troller.

--

< frenzylullaby | 2 février, 21:47 >

> Pas de programme de ce genre dans les processus actifs. Grosso modo, il y a seulement un navigateur web et des documents. Je ne comprends pas.

< frenzylullaby | 2 février, 21:50 >

> Wow, mon grand père vient de m'appeler au salon. Apparemment le curseur vient d'ouvrir un éditeur-de-texte et a commencé à écrire un message.

– 

< pinot-ken | 3 février, 01:13 >

> Alors ???!!

--

< not-your-mom-maybe | 3 février, 15:33 >

> Le suspens me tue !

--

< pickle_satooomi | 3 février, 15:56 >

[deleted]

--

< Benoit Dumel - modérateur | 3 février, 16:05 >

> @pickle_satooomi, nous sommes sur un salon technique et politiquement neutre. Restons courtois, pas de politique, pas de relent homophobe.

> Dernier avertissement.

--

< frenzylullaby | 3 février, 18:02 >

> Désolé de ne répondre que maintenant. En gros, voila ce qu'il y avait d'écrit

> “ Hey < papi de @frenzylullaby> Votre poste de travail est dérangé. J'ai pris soin de nettoyer votre corbeille. Également votre taux de glycérine est au dessus de la normal, et votre tension est dans la moyenne haute. Marchez-vous suffisamment? <3 ”

> Je le retranscris de mémoire, parce qu'on a éteint et débranché le PC. J'ai trop les flippes. J'ose à peine à allumer mon ordinateur portable, maintenant.

--

< PM_YOUR_KITTIES | 3 février, 18:44 >

> Comme par hasard. Pas de photo, pas de preuve. Je le dis dès maintenant, @frenzylullaby est plein de bullshit.

--

< belial94 | 3 février, 19:16 >

> Personnellementt, j'aurais brulé le PC et envoyé les restes dans l'espace.

--

< TifaMeineWaifu | 3 février, 19:24 >

> Pareil, flippant !

--

< TiredHamburgerConan | 4 février, 13:39 >

> Hey @frenzylullaby. Moi je crois ton histoire. Est-ce que vous avez eu des migraines récemment ? Ça me rappelle le témoignage d'un internaute sur un autre salon il y a quelques mois. 

> Il se plaignait de maux de tête et disait que son propriétaire déposait des post-it dans son appartement pendant qu'il dormait. Il s'est avéré qu'il était victime d'intoxication au monoxyde de carbone. J'achèterais un détecteur pour ton grand père si j'étais toi.

--

< MrsBootyBot | 4 février, 13:41 >

> VENTE de détecteur de monoxyde de carbone, direct depuis l'usine. < Cliquez sur ce lien> et bénéficiez d'une remise de prix.

--

< BeaujoletNovice | 4 février, 14:01 >

> Mais WTF, c'est des bots ou des vendeurs de porte-à-porte ?! 

--

< nonnonnongo | 4 février, 14:04 >

> Bientôt ils vont essayer de nous vendre du viagra, LOL

--

< TifaMeineWaifu | 4 février, 14:05 >

> Bots begone !

--

< BenoitDumel - modérateur | 4 février, 14:11 >

> @here

> Comme je le disais, je ne peux rien faire pour les bots. SVP pas de hors sujet ou je vais devoir bloquer ce fil de discussion.

--

< belial94 | 6 février, 16:42 >

> Pas de nouvelles de @frenzylullaby ?

--

< frenzylullaby | 6 février, 17:06 >

> @TiredHamburgerConan, j'ai écouté ton conseil et installé un détecteur. Les taux sont complètement normaux. Je sais pas s'il y a eu une fuite qui s'est évaporée ou quoi. On verra bien dans les prochains jours.

> Mon grand père a rallumé son ordinateur, il n'y a plus de problème pour le moment. Je vous tiens au courant s'il y a du nouveau.

--

< pickle_satooomi | 6 février, 17:28 >

[deleted]

– 

< BenoitDumel - modérateur | 6 février, 17:39 >

> @pickle_satooomi est maintenant banni de ce salon. SVP soyez sages.

--

< not-your-mom-maybe | 6 février, 21:58 >

> Hey @frenzylullaby, le problème est pas survenu ?

--

< frenzylullaby | 23 février, 20:13 >

> Bonjour @here. Ça a été les deux semaines les plus bizarres de ma vie. La semaine dernière il n'y a pas eu d'autre incident, mais cette semaine, le malware/hackeur a recommencé à écrire à mon grand-père. Pour résumer, je sais comment ça va sonner, mais le texte était une liste de conseils diététiques, et d'hygiène de vie. Du genre dormir huit heures par nuit, prendre le soleil le matin, etc.

> Mon grand père n'y a pas prêté attention, et il a refusé que je réinstalle le système d'exploitation. Je sais que c'est juste un problème virtuel mais honnêtement, ça me met mal-à-l'aise.

> Surtout que hier matin, quand je suis descendu à la cuisine, il se préparait un milkshake de protéines, après une séance de callisthénie. Si vous connaissiez mon gran père, vous sauriez que c'est pratiquement un invertébré, avec un ventre à bière à pas voir ses orteils. J'en revenais pas mais je l'ai complimenté sur sa résolution de se remettre en forme. Il m'a répondu quelque chose de super dérangeant. Un truc du genre “ce n'est pas moi qui fais ça, c'est le curseur qui est aux commandes”. Je ne sais pas quoi faire. Je pense qu'il a besoin dêtre pris en charge par des médecins. Ça me rend triste.

< frenzylullaby | 23 février, 20:39 >

> Le problème c'est que ce matin en descendant, j'ai été assez stupide pour regarder l'écran de l'ordinateur allumé. Il y avait ce message :

> “ Hey @frenzylullaby

Tu as une dépression non traitée. Pourquoi ne pas te faire prendre en charge ? N'aie pas peur d'être toi-même sur internet. Girl power !!! <3 ”

> Je vous partage un screenshot du texte comme preuve

> attachement>>proof.jpg

--

< belial94 | 23 février, 22:19 >

> Quoi ? Non, l'horreur ! C'est peut-être le moment d'appeler la police, ce message est trop spécifique.

--

< not-your-mom-maybe | 23 février, 22:25 >

Super creepy

--

< PM_YOUR_KITTIES | 23 février, 22:41 >

Non mais attendez, c'est juste un message texte, @frenzylullaby a très bien pu l'écrire de lui-même et vous avalez ça sans vous poser de question.

--

< tout-frais-meilleur-dong | 23 février, 22:57 >

Je me range du côté de @PM_YOUR_KITTIES, ça ne veut rien dire et on se prend la tête pour rien, là.

--

< BeaujoletNovice | 24 février, 09:36 >

> Tout va bien @frenzylullaby ? Je veux bien croire que c'est pas une blague, mais je pense que vous devriez tous deux demander de l'aide. De la famille, des proches ? Il y a des numéros d'aide à la santé mentale sur le site. Ça n'est pas grand-chose, mais ça pourrait aider. Il ne faut pas rester comme ça.

< BeaujoletNovice | 25 février, 17:08 >

> @frenzylullaby, Dis nous que tu vas bien

--

< frenzylullaby | 9 avril, 18:37 >

> Desolé pour cette longue absence. Ça fait quelqu semaines que mon grand-père me dit qu'il est en autopilote. Il a déjà perdu 15 kilo et pris de la masse musculair. Il sort courir tous les soirs et se lève aux aurores pour cuisiner. Je ne l'ai jamais vu en aussi grande forme.

> Il a ouvert un compt sur Tinder et a déjà plusieurs rencontr de prévu avec des femm célibataires. Il m'assure qu'il ne fait pas ça de lui-même, que le curseur est aux command.

> J'ai essayé de suivr tes consei @BeaujoletNovice, mai j'a l'impressio que je perds aussi le contrôl. Je ne sa pas si c'e sensé ce qu je di. Tou e confu depu quelqu semain. J'ai commenc à mang equilibr et boir litr d'ea par jou. Dè qu me lev, je comm mes journ par deu heur d'aerobics.

> compren pa ce qu no arriv. Je que c'es complet dingu. sai p combien de tem pouvoir continu d'écri sur c forum. Chaqu jour sentimen deveni plus Personnage No Jouabl

> Le curs a continu écrir quotidi. Nou avon p la force d'éteind ordinate. Curseu di qu' connai fin, qu'el e ok.

> doi part po séance d'etireme. 

> J' peur jamai auss peur vi.

--

< MrBoastyBot | 9 avril, 18:40 >

Si vous avez des pensées suicidaires, n'attendez pas. Il y a des gens prêts à vous écouter à toute heure. Appelez le numéro gratuit d'aide en urgence, affiché au bas de ce site. Nous sommes là pour vous.

--

< PM_YOUR_KITTIES | 9 avril, 18:43 >

> Okay, bravo. C'est la meilleure histoire d'horreur que j'ai vue sur ce forum depuis plusieures années. Je croyais que c'était un forum technique, mais apparemment on trouve de tout aujourd'hui.

> C'est le signe pour moi de me désinscrire. Trop c'est trop.

--

< not-your-mom-maybe | 9 avril, 18:46 >

> @PM_YOUR_KITTIES, avoue que tu as les flippes en fait. C'est vrai que c'est super bien écrit. 

--

< TiredHamburgerConan | 9 avril, 19:30 >

> @PM_YOUR_KITTIES, @not-your-mom-maybe. J'aurais bien voulu dire que c'est délirant. Mais il m'est arrivé la même chose ce matin. Le truc du curseur qui bouge, l'éditeur de texte qui s'ouvre. Je sais pas ce qu'il se passe, mais ça a l'air de se propager.

__

< TifaMeineWaifu | 9 avril, 22:26 >

> @TiredHamburgerConan, moi aussi ! J'osais pas l'écrire, j'ai cru que je devenais dingue. C'est quoi ce bazar ?!!

--

< belial94 | 20 avril, 21:08 >

> Pas de news ?

--

< belial94 | 3 mai, 18:54 >

> Pas de news de qui que ce soit ?

--

< MrBestyBot | 4 novembre, 19:00 >

> Ce fil de discussion a été fermé, pour cause d'inactivité depuis plus de six mois.

Si vous désirez commenter sur ce sujet, veuillez créer un nouveau fil de discussion.

--

< I love fuchsia | 32 decembre 00:00 >

> heeeey :)

> <3

0
submitted 1 year ago* (last edited 1 year ago) by setokesan@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu

Suite de Serveur confusion - ep. 02 - Mute

https://jlai.lu/post/100947

Service Desk

< frenzylullaby | 2 février, 19:02 >

> Bonjour à tous,

> J'espère que c'est le bon salon pour soumettre ce genre de problème. Sinon merci de m'indiquer à quel autre endroit je pourrais le poster.

> Je suis en vacances chez mon grand père depuis une semaine, et j'en profite pour rafraichir son vieil ordinateur. Comme d'habitude, la machine est remplie de bloatware et malware. J'ai installé les logiciels de cleanup habituels, nettoyé la base de registre et scanné le système d'exploitation pour enlever les programmes malveillants.

> Mais j'ai rencontré un problème inhabituel et je n'ai aucune idée de comment le résoudre.

> Hier, pendant que mon grand père consultait ses mails, le curseur s'est mis à bouger tout seul. Il s'est déplacé vers la corbeille et a vidé son contenu. Ce qui est étrange, c'est que j'ai bien vérifié qu'il n'y avait pas de backdoor, ni de port inutilement ouvert. Je n'ai pas la moindre idée de comment le hackeur a réussi à prendre le contrôle du bureau. Bien entendu, mon premier réflexe a été de débrancher le câble ethernet et de m'assurer que l'ordinateur ne peut pas se connecter au WIFI. Mais je n'ai aucune idée de comment, la souris a continué de s'animer toute seule.

> J'ai redémarré le poste et de nouveau, le curseur en autopilote. Une idée de ce qui pourrait causer ce comportement ? Parce qu'en attendant, papi et moi, on a pas mal les flippes.

--

< BeaujoletNovice | 2 février, 19:14 >

> Je peux pas prendre ça au sérieux on dirait un creepy pasta. 

--

< PM_YOUR_KITTIES | 2 février, 19:18 >

> Ouais, ca m'a tout l'air d'un creepy pasta. Ou alors le début d'un de ces Alternative Reality Games ? Sérieux, ce forum devient vraiment n'importe quoi. C'est déjà bien le bordel depuis que les développeurs ont accepté l'intégration des IA.

--

< MrBottyBot | 2 février, 19:19 >

> Avez-vous essayé d'éteindre et rallumer votre ordinateur ? Selon notre sondage, 69.7% des problèmes informatiques peuvent se résoudre de cette manière.

--

< PM_YOUR_KITTIES | 2 février, 19:21 >

> Jesus, est-ce que les mods ne peuvent rien faire pour virer ces bots du salon ?! C'est du bruit pour rien.

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< BenoitDumel - modérateur 2 février, 20:11 >

> @PM_YOUR_KITTIES, non je n'ai pas le pouvoir d'enlever les bots du salon malheureusement. Mais la discussion ne se porte pas sur le choix des devs, et j'aimerais qu'on ne parte pas hors sujet.

> À propos du post, @frenzylullaby est dans ce forum depuis 2016 et y a beaucoup contribué. C'est vrai que c'est un peu alambiqué, mais son histoire me semble légitime

– 

< tout-frais-meilleur-dong  | 2 février, 21:34 >

> Est-ce que la machine de ton grand père a un logiciel de bureau à distance installé, genre TeamViewer ? Ce type de logiciel a des vulnerabilités qui pourraient causer ce genre d'intrusion. À part ça, si l'ordi est coupé d'internet, c'est bizarre en effet. 

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< J<3lesBourritos | 2 février, 21:43 >

> Vous vous prenez tous la tête pour rien. Je parie qu'il y a un programme qui fait bouger le curseur aléatoirement. Vous vous faites juste troller.

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< frenzylullaby | 2 février, 21:47 >

> Pas de programme de ce genre dans les processus actifs. Grosso modo, il y a seulement un navigateur web et des documents. Je ne comprends pas.

< frenzylullaby | 2 février, 21:50 >

> Wow, mon grand père vient de m'appeler au salon. Apparemment le curseur vient d'ouvrir un éditeur-de-texte et a commencé à écrire un message.

– 

< pinot-ken | 3 février, 01:13 >

> Alors ???!!

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< not-your-mom-maybe | 3 février, 15:33 >

> Le suspens me tue !

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< pickle_satooomi | 3 février, 15:56 >

[deleted]

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< Benoit Dumel - modérateur | 3 février, 16:05 >

> @pickle_satooomi, nous sommes sur un salon technique et politiquement neutre. Restons courtois, pas de politique, pas de relent homophobe.

> Dernier avertissement.

--

< frenzylullaby | 3 février, 18:02 >

> Désolé de ne répondre que maintenant. En gros, voila ce qu'il y avait d'écrit

> “ Hey < papi de @frenzylullaby> Votre poste de travail est dérangé. J'ai pris soin de nettoyer votre corbeille. Également votre taux de glycérine est au dessus de la normal, et votre tension est dans la moyenne haute. Marchez-vous suffisamment? <3 ”

> Je le retranscris de mémoire, parce qu'on a éteint et débranché le PC. J'ai trop les flippes. J'ose à peine à allumer mon ordinateur portable, maintenant.

--

< PM_YOUR_KITTIES | 3 février, 18:44 >

> Comme par hasard. Pas de photo, pas de preuve. Je le dis dès maintenant, @frenzylullaby est plein de bullshit.

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< belial94 | 3 février, 19:16 >

> Personnellementt, j'aurais brulé le PC et envoyé les restes dans l'espace.

--

< TifaMeineWaifu | 3 février, 19:24 >

> Pareil, flippant !

--

< TiredHamburgerConan | 4 février, 13:39 >

> Hey @frenzylullaby. Moi je crois ton histoire. Est-ce que vous avez eu des migraines récemment ? Ça me rappelle le témoignage d'un internaute sur un autre salon il y a quelques mois. 

> Il se plaignait de maux de tête et disait que son propriétaire déposait des post-it dans son appartement pendant qu'il dormait. Il s'est avéré qu'il était victime d'intoxication au monoxyde de carbone. J'achèterais un détecteur pour ton grand père si j'étais toi.

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< MrsBootyBot | 4 février, 13:41 >

> VENTE de détecteur de monoxyde de carbone, direct depuis l'usine. < Cliquez sur ce lien> et bénéficiez d'une remise de prix.

--

< BeaujoletNovice | 4 février, 14:01 >

> Mais WTF, c'est des bots ou des vendeurs de porte-à-porte ?! 

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< nonnonnongo | 4 février, 14:04 >

> Bientôt ils vont essayer de nous vendre du viagra, LOL

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< TifaMeineWaifu | 4 février, 14:05 >

> Bots begone !

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< BenoitDumel - modérateur | 4 février, 14:11 >

> @here

> Comme je le disais, je ne peux rien faire pour les bots. SVP pas de hors sujet ou je vais devoir bloquer ce fil de discussion.

--

< belial94 | 6 février, 16:42 >

> Pas de nouvelles de @frenzylullaby ?

--

< frenzylullaby | 6 février, 17:06 >

> @TiredHamburgerConan, j'ai écouté ton conseil et installé un détecteur. Les taux sont complètement normaux. Je sais pas s'il y a eu une fuite qui s'est évaporée ou quoi. On verra bien dans les prochains jours.

> Mon grand père a rallumé son ordinateur, il n'y a plus de problème pour le moment. Je vous tiens au courant s'il y a du nouveau.

--

< pickle_satooomi | 6 février, 17:28 >

[deleted]

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< BenoitDumel - modérateur | 6 février, 17:39 >

> @pickle_satooomi est maintenant banni de ce salon. SVP soyez sages.

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< not-your-mom-maybe | 6 février, 21:58 >

> Hey @frenzylullaby, le problème est pas survenu ?

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< frenzylullaby | 23 février, 20:13 >

> Bonjour @here. Ça a été les deux semaines les plus bizarres de ma vie. La semaine dernière il n'y a pas eu d'autre incident, mais cette semaine, le malware/hackeur a recommencé à écrire à mon grand-père. Pour résumer, je sais comment ça va sonner, mais le texte était une liste de conseils diététiques, et d'hygiène de vie. Du genre dormir huit heures par nuit, prendre le soleil le matin, etc.

> Mon grand père n'y a pas prêté attention, et il a refusé que je réinstalle le système d'exploitation. Je sais que c'est juste un problème virtuel mais honnêtement, ça me met mal-à-l'aise.

> Surtout que hier matin, quand je suis descendu à la cuisine, il se préparait un milkshake de protéines, après une séance de callisthénie. Si vous connaissiez mon gran père, vous sauriez que c'est pratiquement un invertébré, avec un ventre à bière à pas voir ses orteils. J'en revenais pas mais je l'ai complimenté sur sa résolution de se remettre en forme. Il m'a répondu quelque chose de super dérangeant. Un truc du genre “ce n'est pas moi qui fais ça, c'est le curseur qui est aux commandes”. Je ne sais pas quoi faire. Je pense qu'il a besoin dêtre pris en charge par des médecins. Ça me rend triste.

< frenzylullaby | 23 février, 20:39 >

> Le problème c'est que ce matin en descendant, j'ai été assez stupide pour regarder l'écran de l'ordinateur allumé. Il y avait ce message :

> “ Hey @frenzylullaby

Tu as une dépression non traitée. Pourquoi ne pas te faire prendre en charge ? N'aie pas peur d'être toi-même sur internet. Girl power !!! <3 ”

> Je vous partage un screenshot du texte comme preuve

> attachement>>proof.jpg

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< belial94 | 23 février, 22:19 >

> Quoi ? Non, l'horreur ! C'est peut-être le moment d'appeler la police, ce message est trop spécifique.

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< not-your-mom-maybe | 23 février, 22:25 >

Super creepy

--

< PM_YOUR_KITTIES | 23 février, 22:41 >

Non mais attendez, c'est juste un message texte, @frenzylullaby a très bien pu l'écrire de lui-même et vous avalez ça sans vous poser de question.

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< tout-frais-meilleur-dong | 23 février, 22:57 >

Je me range du côté de @PM_YOUR_KITTIES, ça ne veut rien dire et on se prend la tête pour rien, là.

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< BeaujoletNovice | 24 février, 09:36 >

> Tout va bien @frenzylullaby ? Je veux bien croire que c'est pas une blague, mais je pense que vous devriez tous deux demander de l'aide. De la famille, des proches ? Il y a des numéros d'aide à la santé mentale sur le site. Ça n'est pas grand-chose, mais ça pourrait aider. Il ne faut pas rester comme ça.

< BeaujoletNovice | 25 février, 17:08 >

> @frenzylullaby, Dis nous que tu vas bien

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< frenzylullaby | 9 avril, 18:37 >

> Desolé pour cette longue absence. Ça fait quelqu semaines que mon grand-père me dit qu'il est en autopilote. Il a déjà perdu 15 kilo et pris de la masse musculair. Il sort courir tous les soirs et se lève aux aurores pour cuisiner. Je ne l'ai jamais vu en aussi grande forme.

> Il a ouvert un compt sur Tinder et a déjà plusieurs rencontr de prévu avec des femm célibataires. Il m'assure qu'il ne fait pas ça de lui-même, que le curseur est aux command.

> J'ai essayé de suivr tes consei @BeaujoletNovice, mai j'a l'impressio que je perds aussi le contrôl. Je ne sa pas si c'e sensé ce qu je di. Tou e confu depu quelqu semain. J'ai commenc à mang equilibr et boir litr d'ea par jou. Dè qu me lev, je comm mes journ par deu heur d'aerobics.

> compren pa ce qu no arriv. Je que c'es complet dingu. sai p combien de tem pouvoir continu d'écri sur c forum. Chaqu jour sentimen deveni plus Personnage No Jouabl

> Le curs a continu écrir quotidi. Nou avon p la force d'éteind ordinate. Curseu di qu' connai fin, qu'el e ok.

> doi part po séance d'etireme. 

> J' peur jamai auss peur vi.

--

< MrBoastyBot | 9 avril, 18:40 >

Si vous avez des pensées suicidaires, n'attendez pas. Il y a des gens prêts à vous écouter à toute heure. Appelez le numéro gratuit d'aide en urgence, affiché au bas de ce site. Nous sommes là pour vous.

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< PM_YOUR_KITTIES | 9 avril, 18:43 >

> Okay, bravo. C'est la meilleure histoire d'horreur que j'ai vue sur ce forum depuis plusieures années. Je croyais que c'était un forum technique, mais apparemment on trouve de tout aujourd'hui.

> C'est le signe pour moi de me désinscrire. Trop c'est trop.

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< not-your-mom-maybe | 9 avril, 18:46 >

> @PM_YOUR_KITTIES, avoue que tu as les flippes en fait. C'est vrai que c'est super bien écrit. 

--

< TiredHamburgerConan | 9 avril, 19:30 >

> @PM_YOUR_KITTIES, @not-your-mom-maybe. J'aurais bien voulu dire que c'est délirant. Mais il m'est arrivé la même chose ce matin. Le truc du curseur qui bouge, l'éditeur de texte qui s'ouvre. Je sais pas ce qu'il se passe, mais ça a l'air de se propager.

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< TifaMeineWaifu | 9 avril, 22:26 >

> @TiredHamburgerConan, moi aussi ! J'osais pas l'écrire, j'ai cru que je devenais dingue. C'est quoi ce bazar ?!!

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< belial94 | 20 avril, 21:08 >

> Pas de news ?

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< belial94 | 3 mai, 18:54 >

> Pas de news de qui que ce soit ?

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< MrBestyBot | 4 novembre, 19:00 >

> Ce fil de discussion a été fermé, pour cause d'inactivité depuis plus de six mois.

Si vous désirez commenter sur ce sujet, veuillez créer un nouveau fil de discussion.

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< I love fuchsia | 32 decembre 00:00 >

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submitted 1 year ago* (last edited 1 year ago) by setokesan@jlai.lu to c/france@lemmy.world

Post croisé de https://jlai.lu/post/100947

J'ai écrit cette nouvelle il y a quelque temps déjà, avant que les évènements en Ukraine ne se déclenchent. Disclaimer oblige, les détails de cette nouvelle ne sont en rien inspirés de l'actualité et toute ressemblance est purement accidentelle.

Mute

Ils disent que lors d'une explosion, pour minimiser les dommages de l'onde de choc sur les organes, il faut se tourner dos aux fenêtres et ouvrir la bouche.

Lorsque l'onde de choc est arrivée, j'étais en train de bailler en m'étirant devant la TV. C'est ce qui m'a sauvé je pense. Je suis certainement le type le plus chanceux dans ce monde. Si on peut appeler ça de la chance. J'aurais peut-être préféré mourir si on m'en avait donné le choix. Je ne sais pas.

Je me souviens avoir été éjecté de notre fauteuil et fini à quatre pattes sur le sol. Le bruit était si fort, que j'ai entendu un bourdonnement des semaines entières. Je me souviens que lorsque j'ai levé les yeux, le salon était dévasté. “Pourquoi la TV est sur les genoux de ma mère ?” a été ma première pensée. Je sais que c'est absurde, mais j'étais complètement déboussolé. Puis ça m'est venu, “Quelque chose de grave vient d'arriver”, quelque chose de très grave. Je le sentais au fond de mes tripes, mais c'était sur le moment pas plus qu'une intuition, malgré le champ de ruine qu'était devenu notre appartement.

Ma deuxième pensée a été vers ma petite sœur bébé Xao, qui dormait pas loin de moi quelques secondes auparavant. Je l'ai trouvée quelques mètres plus loin, allongée au sol, dans une position grotesque. Ma petite Xao est morte ce jour-là, sur le coup. Je ne pense pas qu'elle ait souffert.

Ma mère, oui. Elle était assise en face de moi, visiblement en souffrance, le visage caché par ses cheveux en bataille. Elle s'était couverte les oreilles de ses deux mains, ensanglantées. Je ne comprenais pas d'où venait le sang, puis j'ai compris qu'elle saignait des oreilles et du nez. Elle semblait gémir de souffrance, mais je ne pouvais pas l'entendre. Tout ce que j'entendais, c'était ce bourdonnement envahissant. Je me suis assis contre le mur en face d'elle, et l'ai regardée s'affaisser doucement, centimètre après centimètre. Mais je n'ai rien fait, j'étais moi-même en complète catatonie, incapable d'enregistrer l'ampleur de ce qui venait d'arriver.

Je pense que plusieurs heures ont passé, parce qu'il a commencé à faire noir. Le corps de ma mère est devenu une silhouette sombre et immobile. Tout était si étrange, il n'y avait plus aucune lumière dans la ville.

Il a commencé à faire froid. Et j'ai commencé à avoir très peur. En tant qu'enfant, je n'avais aucune idée de quoi faire, plongé dans une solitude que je n'avais jamais connu de ma vie. Quand bien même je tremblais de tous mes membres, une petite voix dans ma tête m'a dit qu'il fallait ranger. Comme si faire de l'ordre dans la pièce allait ranger le fouillis dans mes idées et m'aider à savoir quoi faire.

Alors j'ai commencé à scotcher les fenêtres, installer le réchaud que mon père et moi utilisions quand nous partions au camping. Puis je me suis fait des nouilles instantanées. Du haut de mes huit ans, je m'imaginais notre père rentrer du travail ce soir-là et tout arranger, réveiller ma mère et me féliciter d'avoir été aussi courageux, d'avoir veillé sur ma sœur, avoir rangé le salon. C'est drôle comme enfant, on s'adapte à n'importe quoi, on se réfugie dans un monde qui a du sens pour nous. On se réfère à ces comptes cruels qui nous sont lus, où il y a toujours une happy end. Ou du moins une morale, où en fin de compte tout a du sens, rien n'a été en vain.

Je me suis endormi sur le fauteuil, enveloppé dans une couverture, après avoir soigneusement balayé les bris de verre. Il n'a pas fallu longtemps avant que je m'endorme. Suffisamment longtemps pour que le soleil se lève.

Ce à quoi on ne pense jamais, c'est combien nous dépendons de nos sens. Privé de l'un d'eux et on est complètement désorienté. Sans ouïe, c'est comme voir le monde à travers un bocal. Tout est étranger, même si notre vue nous assure le contraire. Ça a certainement aidé à la déréalisation du moment, je pense. C'était comme être cosmonaute de cette planète.

L'eau avait été coupée, plus d'électricité non plus. Je me suis habillé de ma petite doudoune avec une souris dessinée sur la poche droite. C'est étonnant comme je me souviens spécifiquement de détails aussi insignifiants. Alors qu'aujourd'hui je suis incapable de me remémorer le sourire de ma sœur.

Je suis sorti dans la rue, parce que j'étais sûr qu'il y aurait des adultes, les parents de mes potes seraient là, me prendraient dans les bras, sauraient quoi faire. Il y avait des adultes oui, mais on ne s'embarrasse pas du sort d'un enfant de huit ans hagard, lorsqu'il est question d'amasser des produits de première nécessité, dans les boutiques éventrées de notre quartier devenu méconnaissable.

J'en ai fait de même et suis parti dans la supérette en face de chez nous, inquiet qu'ils ne veuillent rien me vendre, sans un sou en poche. Lorsque je suis rentré dans le magasin, il y avait beaucoup d'agitation, mais pas de caissier. Des étrangers se servaient et sortaient en se précipitant. Ils m'ont vu rentrer et ont arrêté de bouger en me regardant avec stupeur. Imaginez un enfant de huit ans, armé d'une doudoune et d'un sac d'école, arrêter une foule en colère. Ça m'a fait penser au jour où la bande et moi avions été pris la main dans le sac à piquer les fruits dans l'arbre du voisin, stupéfaits de culpabilité et d'un peu de honte aussi.

Quand j'y repense aujourd'hui, je me dis que je m'étais mis en danger naïvement, mais par chance, ces individus qui se battaient à coup de poing et se poussaient violemment à en faire tomber des étalages, avaient pris soin de me créer un passage ample, puis sans heurt m'avaient laissé prendre ce dont j'avais besoin, avant que je coure à en perdre haleine jusqu'à la maison.

Les jours qui ont suivi, j'ai lu des livres et mangé plus de nouilles instantanées. Le bourdonnement s'était un peu estompé, mais je ne savais pas à cette époque, qu'il laisserait place à un silence absolu, pour toujours.

Je m'étais créée une cabane en draps et vêtements, dans laquelle je me réfugiais la plupart du temps. Pour ne plus voir le reste de notre appartement. À l'intérieur, vivait une famille que j'avais vue dans une série TV. La mère était une cuisinière hors pair et ses enfants intrépides, menaient une double vie. Le jour à l'école, la nuit à sauver la Terre. Parfois je les aidais à secourir le monde, parfois je restais avec les parents, à manger des pancakes et leur conter un univers parallèle, où une explosion sans précédent avait défiguré ma ville. Je comprenais bien que je ne pourrais pas rester chez nous indéfiniment, qu'il me faudrait aller chercher de l'aide, mais je ne savais pas exactement comment m'y prendre.

Au troisième ou quatrième jour, en regardant la rue au travers de ma fenêtre barrée, j'ai vu des militaires. Je me suis précipité au dehors, en agitant les bras et hurlant mon nom à plein poumons. Comme je ne pouvais pas entendre ce qu'ils me répondaient, nous avons communiqué par écrit. Nom, âge, qui étaient mes proches, etc. Une fois entré dans le bus désigné à l'évacuation, pour la première fois depuis le début de la catastrophe, j'ai pleuré à chaudes larmes. Moins par les émotions que par la douleur physique, qui était subitement apparue, comme un interrupteur allumé dans ma tête. J'ai appris de la femme assise à côté de moi, que notre quartier avait été parmi les plus épargnés. C'était la première fois que j'apprenais que le centre de Kars avait été rasé de la carte. Nous avions seulement été victimes du contre choc.

“C'est les Chinois ou les Ricains”, m'avait écrit la femme amère, avant de cracher par terre. Je n'avais pas compris sur le coup pourquoi elle était tellement en colère. Comment des peuples que je n'avais jamais rencontré, auraient-ils pu être coupables d'une telle catastrophe ?

--

Cela fait maintenant dix ans que ce cataclysme sans précédent est arrivé. Le gouvernement m'a placé dans un orphelinat spécial pour les enfants comme moi, qui avaient survécu. Comme nous sommes tous sourds, nous avons appris le langage des signes et somme rentrés dans la vie active avec ce handicap, dès notre majorité.

Si vous avec lu les autres posts de mon blog, vous savez que toutes les victimes de cet évènement et moi-même, avant de perdre l'ouïe, avons été témoins du même son durant l'explosion. Non pas le son habituel d'un grand boom, mais des mots parlés, de la musique, même des applaudissements ! Ce son, inchangé, m'accompagne encore fréquemment aujourd'hui. Parfois à la bordure de l'endormissement, je l'entends dans un soudain hurlement, qui me fait tomber de mon lit.

D'abord une phrase en langue étrangère. “В этом случае я бы использовал калодонт!” Puis musique à l'accordeon, rire d'un public et applaudissements. Repetitum ad nauseam.

Les journaux télévisés de l'époque avaient tenté d'expliquer notre version des faits par une forme inhabituelle d'hystérie collective, coïncidant malencontreusement avec l'explosion d'une poche de gaz souterraine, ou par l'effet d'une arme biochimique encore inconnue. Malgré mon jeune âge, j'avais déjà du mal à accepter cette théorie officielle.

Il y a quelques années, après avoir lu mon témoignage dans le journal, l'internaute @Barnaumapapa m'avait contacté pour m'apprendre que cet extrait, qui a causé la tragédie de mon enfance, est en tout point similaire à un vieil enregistrement de l'émission télevisée russe “Club des joyeux et débrouillards”. Dans l'émission, deux équipes se confrontaient au détour de quizz culturels. Après avoir fait mes recherches, j'ai retrouvé l'extrait en question, datant de 1971. Dans l'une des équipes du jeu télévisé, une jeune fille finit une de ses blagues par cette phrase, “В этом случае я бы использовал калодонт” ; “Dans ce cas, j'utiliserais du dentifrice”.

J'utiliserais du dentifrice. À cause de ce putain de dentifrice.

Si l'émission avait été annulée le jour de l'enregistrement, est-ce qu'il y aurait quand même eu un cratère de 2km carré à la place du centre-ville de mon enfance ? Est-ce que mes parents seraient vivants aujourd'hui ? Est-ce que ma sœur serait à l'école ?

Parfois, je m'imagine transporté miraculeusement dans les années 1970, traverser le plateau et sans dire un mot gifler cette fille, avant qu'elle ne puisse finir cette phrase maudite. Je m'imagine la gifler une, deux, trois fois et la secouer de toutes mes forces, lui hurler “Tu sais ce que tu as causé avec ton humour de merde ?!”

-- Voilà chers lecteurs, vous connaissez maintenant l'histoire de ma surdité. Je vous avais promis de la raconter et j'ai attendu ce jour spécial qui marque le triste anniversaire de l'évènement.

Notre gouvernement et ses alliés ont failli entrer en guerre contre la Russie à cause de cette explosion. Leur gouvernement a réfuté son implication en bloc. Selon leurs dires, les talents intellectuels de l'époque soviétiques sont à n'en pas douter éclatants, mais cela n'est à prendre qu'au sens figuré.

La majorité pense que c'est une expérience de secret gouvernemental qui a mal tourné. Évidemment, une minorité pense que des aliens amateurs de nos émissions télévisées, n'ont pu s'empêcher de mettre le son trop fort.

Alors, était-ce une arme de destruction massive de nouvelle génération, une déchirure dans l'espace-temps, une hystérie collective qui a (une chance sur un million) coïncidé avec l'explosion d'une usine souterraine clandestine ?

Toutes les théories sont bonnes à prendre.

En tout cas de mon côté, j'essaie d'oublier et de vivre ma vie. Il y a tant de belles choses autour de nous. Je suis un grand passionné de photographie et prend surtout des photos de chantiers. Vous avez certainement vu ma collection de grues au détour de ce site.

Au début, j'entendais si distinctement la voix de cette fille, la musique, le public hilare. C'était comme si ce bruyant petit monde était avec moi dans la pièce. Les hurlements sont devenus des paroles, puis des murmures.

J'espère que je pourrais enfin ne plus rien entendre avant ma mort.

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Suite de Serveur confusion - ep. 01 - Architecture

https://jlai.lu/post/64022

J'ai écrit cette nouvelle il y a quelque temps déjà, avant que les évènements en Ukraine ne se déclenchent. Disclaimer oblige, les détails de cette nouvelle ne sont en rien inspirés de l'actualité et toute ressemblance est purement accidentelle.

Mute

Ils disent que lors d'une explosion, pour minimiser les dommages de l'onde de choc sur les organes, il faut se tourner dos aux fenêtres et ouvrir la bouche.

Lorsque l'onde de choc est arrivée, j'étais en train de bailler en m'étirant devant la TV. C'est ce qui m'a sauvé je pense. Je suis certainement le type le plus chanceux dans ce monde. Si on peut appeler ça de la chance. J'aurais peut-être préféré mourir si on m'en avait donné le choix. Je ne sais pas.

Je me souviens avoir été éjecté de notre fauteuil et fini à quatre pattes sur le sol. Le bruit était si fort, que j'ai entendu un bourdonnement des semaines entières. Je me souviens que lorsque j'ai levé les yeux, le salon était dévasté. “Pourquoi la TV est sur les genoux de ma mère ?” a été ma première pensée. Je sais que c'est absurde, mais j'étais complètement déboussolé. Puis ça m'est venu, “Quelque chose de grave vient d'arriver”, quelque chose de très grave. Je le sentais au fond de mes tripes, mais c'était sur le moment pas plus qu'une intuition, malgré le champ de ruine qu'était devenu notre appartement.

Ma deuxième pensée a été vers ma petite sœur bébé Xao, qui dormait pas loin de moi quelques secondes auparavant. Je l'ai trouvée quelques mètres plus loin, allongée au sol, dans une position grotesque. Ma petite Xao est morte ce jour-là, sur le coup. Je ne pense pas qu'elle ait souffert.

Ma mère, oui. Elle était assise en face de moi, visiblement en souffrance, le visage caché par ses cheveux en bataille. Elle s'était couverte les oreilles de ses deux mains, ensanglantées. Je ne comprenais pas d'où venait le sang, puis j'ai compris qu'elle saignait des oreilles et du nez. Elle semblait gémir de souffrance, mais je ne pouvais pas l'entendre. Tout ce que j'entendais, c'était ce bourdonnement envahissant. Je me suis assis contre le mur en face d'elle, et l'ai regardée s'affaisser doucement, centimètre après centimètre. Mais je n'ai rien fait, j'étais moi-même en complète catatonie, incapable d'enregistrer l'ampleur de ce qui venait d'arriver.

Je pense que plusieurs heures ont passé, parce qu'il a commencé à faire noir. Le corps de ma mère est devenu une silhouette sombre et immobile. Tout était si étrange, il n'y avait plus aucune lumière dans la ville.

Il a commencé à faire froid. Et j'ai commencé à avoir très peur. En tant qu'enfant, je n'avais aucune idée de quoi faire, plongé dans une solitude que je n'avais jamais connu de ma vie. Quand bien même je tremblais de tous mes membres, une petite voix dans ma tête m'a dit qu'il fallait ranger. Comme si faire de l'ordre dans la pièce allait ranger le fouillis dans mes idées et m'aider à savoir quoi faire.

Alors j'ai commencé à scotcher les fenêtres, installer le réchaud que mon père et moi utilisions quand nous partions au camping. Puis je me suis fait des nouilles instantanées. Du haut de mes huit ans, je m'imaginais notre père rentrer du travail ce soir-là et tout arranger, réveiller ma mère et me féliciter d'avoir été aussi courageux, d'avoir veillé sur ma sœur, avoir rangé le salon. C'est drôle comme enfant, on s'adapte à n'importe quoi, on se réfugie dans un monde qui a du sens pour nous. On se réfère à ces comptes cruels qui nous sont lus, où il y a toujours une happy end. Ou du moins une morale, où en fin de compte tout a du sens, rien n'a été en vain.

Je me suis endormi sur le fauteuil, enveloppé dans une couverture, après avoir soigneusement balayé les bris de verre. Il n'a pas fallu longtemps avant que je m'endorme. Suffisamment longtemps pour que le soleil se lève.

Ce à quoi on ne pense jamais, c'est combien nous dépendons de nos sens. Privé de l'un d'eux et on est complètement désorienté. Sans ouïe, c'est comme voir le monde à travers un bocal. Tout est étranger, même si notre vue nous assure le contraire. Ça a certainement aidé à la déréalisation du moment, je pense. C'était comme être cosmonaute de cette planète.

L'eau avait été coupée, plus d'électricité non plus. Je me suis habillé de ma petite doudoune avec une souris dessinée sur la poche droite. C'est étonnant comme je me souviens spécifiquement de détails aussi insignifiants. Alors qu'aujourd'hui je suis incapable de me remémorer le sourire de ma sœur.

Je suis sorti dans la rue, parce que j'étais sûr qu'il y aurait des adultes, les parents de mes potes seraient là, me prendraient dans les bras, sauraient quoi faire. Il y avait des adultes oui, mais on ne s'embarrasse pas du sort d'un enfant de huit ans hagard, lorsqu'il est question d'amasser des produits de première nécessité, dans les boutiques éventrées de notre quartier devenu méconnaissable.

J'en ai fait de même et suis parti dans la supérette en face de chez nous, inquiet qu'ils ne veuillent rien me vendre, sans un sou en poche. Lorsque je suis rentré dans le magasin, il y avait beaucoup d'agitation, mais pas de caissier. Des étrangers se servaient et sortaient en se précipitant. Ils m'ont vu rentrer et ont arrêté de bouger en me regardant avec stupeur. Imaginez un enfant de huit ans, armé d'une doudoune et d'un sac d'école, arrêter une foule en colère. Ça m'a fait penser au jour où la bande et moi avions été pris la main dans le sac à piquer les fruits dans l'arbre du voisin, stupéfaits de culpabilité et d'un peu de honte aussi.

Quand j'y repense aujourd'hui, je me dis que je m'étais mis en danger naïvement, mais par chance, ces individus qui se battaient à coup de poing et se poussaient violemment à en faire tomber des étalages, avaient pris soin de me créer un passage ample, puis sans heurt m'avaient laissé prendre ce dont j'avais besoin, avant que je coure à en perdre haleine jusqu'à la maison.

Les jours qui ont suivi, j'ai lu des livres et mangé plus de nouilles instantanées. Le bourdonnement s'était un peu estompé, mais je ne savais pas à cette époque, qu'il laisserait place à un silence absolu, pour toujours.

Je m'étais créée une cabane en draps et vêtements, dans laquelle je me réfugiais la plupart du temps. Pour ne plus voir le reste de notre appartement. À l'intérieur, vivait une famille que j'avais vue dans une série TV. La mère était une cuisinière hors pair et ses enfants intrépides, menaient une double vie. Le jour à l'école, la nuit à sauver la Terre. Parfois je les aidais à secourir le monde, parfois je restais avec les parents, à manger des pancakes et leur conter un univers parallèle, où une explosion sans précédent avait défiguré ma ville. Je comprenais bien que je ne pourrais pas rester chez nous indéfiniment, qu'il me faudrait aller chercher de l'aide, mais je ne savais pas exactement comment m'y prendre.

Au troisième ou quatrième jour, en regardant la rue au travers de ma fenêtre barrée, j'ai vu des militaires. Je me suis précipité au dehors, en agitant les bras et hurlant mon nom à plein poumons. Comme je ne pouvais pas entendre ce qu'ils me répondaient, nous avons communiqué par écrit. Nom, âge, qui étaient mes proches, etc. Une fois entré dans le bus désigné à l'évacuation, pour la première fois depuis le début de la catastrophe, j'ai pleuré à chaudes larmes. Moins par les émotions que par la douleur physique, qui était subitement apparue, comme un interrupteur allumé dans ma tête. J'ai appris de la femme assise à côté de moi, que notre quartier avait été parmi les plus épargnés. C'était la première fois que j'apprenais que le centre de Kars avait été rasé de la carte. Nous avions seulement été victimes du contre choc.

“C'est les Chinois ou les Ricains”, m'avait écrit la femme amère, avant de cracher par terre. Je n'avais pas compris sur le coup pourquoi elle était tellement en colère. Comment des peuples que je n'avais jamais rencontré, auraient-ils pu être coupables d'une telle catastrophe ?

--

Cela fait maintenant dix ans que ce cataclysme sans précédent est arrivé. Le gouvernement m'a placé dans un orphelinat spécial pour les enfants comme moi, qui avaient survécu. Comme nous sommes tous sourds, nous avons appris le langage des signes et somme rentrés dans la vie active avec ce handicap, dès notre majorité.

Si vous avec lu les autres posts de mon blog, vous savez que toutes les victimes de cet évènement et moi-même, avant de perdre l'ouïe, avons été témoins du même son durant l'explosion. Non pas le son habituel d'un grand boom, mais des mots parlés, de la musique, même des applaudissements ! Ce son, inchangé, m'accompagne encore fréquemment aujourd'hui. Parfois à la bordure de l'endormissement, je l'entends dans un soudain hurlement, qui me fait tomber de mon lit.

D'abord une phrase en langue étrangère. “В этом случае я бы использовал калодонт!” Puis musique à l'accordeon, rire d'un public et applaudissements. Repetitum ad nauseam.

Les journaux télévisés de l'époque avaient tenté d'expliquer notre version des faits par une forme inhabituelle d'hystérie collective, coïncidant malencontreusement avec l'explosion d'une poche de gaz souterraine, ou par l'effet d'une arme biochimique encore inconnue. Malgré mon jeune âge, j'avais déjà du mal à accepter cette théorie officielle.

Il y a quelques années, après avoir lu mon témoignage dans le journal, l'internaute @Barnaumapapa m'avait contacté pour m'apprendre que cet extrait, qui a causé la tragédie de mon enfance, est en tout point similaire à un vieil enregistrement de l'émission télevisée russe “Club des joyeux et débrouillards”. Dans l'émission, deux équipes se confrontaient au détour de quizz culturels. Après avoir fait mes recherches, j'ai retrouvé l'extrait en question, datant de 1971. Dans l'une des équipes du jeu télévisé, une jeune fille finit une de ses blagues par cette phrase, “В этом случае я бы использовал калодонт” ; “Dans ce cas, j'utiliserais du dentifrice”.

J'utiliserais du dentifrice. À cause de ce putain de dentifrice.

Si l'émission avait été annulée le jour de l'enregistrement, est-ce qu'il y aurait quand même eu un cratère de 2km carré à la place du centre-ville de mon enfance ? Est-ce que mes parents seraient vivants aujourd'hui ? Est-ce que ma sœur serait à l'école ?

Parfois, je m'imagine transporté miraculeusement dans les années 1970, traverser le plateau et sans dire un mot gifler cette fille, avant qu'elle ne puisse finir cette phrase maudite. Je m'imagine la gifler une, deux, trois fois et la secouer de toutes mes forces, lui hurler “Tu sais ce que tu as causé avec ton humour de merde ?!”

-- Voilà chers lecteurs, vous connaissez maintenant l'histoire de ma surdité. Je vous avais promis de la raconter et j'ai attendu ce jour spécial qui marque le triste anniversaire de l'évènement.

Notre gouvernement et ses alliés ont failli entrer en guerre contre la Russie à cause de cette explosion. Leur gouvernement a réfuté son implication en bloc. Selon leurs dires, les talents intellectuels de l'époque soviétiques sont à n'en pas douter éclatants, mais cela n'est à prendre qu'au sens figuré.

La majorité pense que c'est une expérience de secret gouvernemental qui a mal tourné. Évidemment, une minorité pense que des aliens amateurs de nos émissions télévisées, n'ont pu s'empêcher de mettre le son trop fort.

Alors, était-ce une arme de destruction massive de nouvelle génération, une déchirure dans l'espace-temps, une hystérie collective qui a (une chance sur un million) coïncidé avec l'explosion d'une usine souterraine clandestine ?

Toutes les théories sont bonnes à prendre.

En tout cas de mon côté, j'essaie d'oublier et de vivre ma vie. Il y a tant de belles choses autour de nous. Je suis un grand passionné de photographie et prend surtout des photos de chantiers. Vous avez certainement vu ma collection de grues au détour de ce site.

Au début, j'entendais si distinctement la voix de cette fille, la musique, le public hilare. C'était comme si ce bruyant petit monde était avec moi dans la pièce. Les hurlements sont devenus des paroles, puis des murmures.

J'espère que je pourrais enfin ne plus rien entendre avant ma mort.

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Post croisé de https://jlai.lu/post/64022

Architecture

A

Monsieur le président des États-Unis d'Amérique.

Monsieur,

Veuillez trouver par le présent courrier, le premier rapport de l'Agence de Recherche et Investigation de la Disparition que je dirige depuis sa création.

Dans le cadre de notre investigation, nous avons été contactés par le département de physique nucléaire, nouvellement crée sous l'observatoire de Mauna Kea, sur l'ile d'Hawaï. Ce département fut initialement fondé dans l'objectif de trouver une source d'énergie supérieure à la fusion nucléaire, dont la France est en tête de file. 

Au cours de l'expérience nouvellement baptisée BECKERR, l'équipe de chercheurs injectait avec succès, une paire de neutrons dans leur état supraconducteur, dans un condensât de Bose-Einstein en rotation. Comme anticipé, plus élevée devint la rotation du superfluide, plus la force d'attraction des deux atomes augmenta. Jusqu'au point de rupture où cette force dépassa la pression de dégénérescence de la paire de neutrons. S'ensuivit l'effondrement du système, analogue à l'effondrement d'une étoile à neutrons. En un mot, pour la première fois dans l'Histoire, un trou noir de Kerr fut observé ce jour-là, à l'échelle microscopique. C'est un succès sans précédent qui nous remet en tête de course à l'énergie. L'ergosphère d'un trou noir rotatif, à la bordure de son horizon, a en effet le potentiel de procurer une source quasi infinie d'énergie. Énergie qui, si proprement exploitée, marquerait la fin de la crise écologique dont souffrent nos sociétés contemporaines et ouvrirait un nouvel âge d'or de progrès scientifique.

C'est avec émotion et la plus immense fierté, monsieur le Président, que je vous reportais il y a plusieurs mois, cet exploit historique. Nous remercions le Centre Européen de Recherche Nucléaire de leur précieuse collaboration, ainsi que l'institut JIRA de l'État de Colorado, sans qui les États-Unis ne pourraient être aujourd'hui les pionniers de cette ère nouvelle. Et bien entendu, un succès aussi triomphant n'aurait pu exister sans l'aide de Dieu, qui pave toutes les victoires du peuple d'Amérique.

Or, c'est également avec la plus grande crainte que je vous soumets le présent rapport. Si nous étions conviés par le département de recherche d'Hawaï, ce n'était non pas pour célébrer un exploit, j'en ai peur, mais parce que les résultats de l'expérience BECKERR ont le pouvoir de remettre en question des siècles de progrès scientifique en physique, sous tous ses domaines de recherche. L'enjeu est incommensurable, c'est pourquoi avant de partager ce rapport, nous avons pris soin de demander sa relecture par deux corps indépendants. Les conclusions des organismes convergent vers nos conclusions propres. Nous nous en remettrons finalement, monsieur le président, à la décision de votre cabinet de porter ou non, cette conclusion à la population.

Afin de mettre en contexte les enjeux de cette expérience, je me permets de résumer en quelques mots, le problème de la théorie de la relativité d'Einstein :

Par le passé, nos plus brillants scientifiques ont multiplié les tentatives de marier deux principes fondamentaux, la théorie de la relativité générale et la physique quantique. Les propriétés d'un corps au niveau microscopique ne s'appliquant pas à un corps de plus grande masse. L'impossibilité d'une telle union, fut une barrière à notre avancée, en tant qu'espèce. La littérature scientifique à ce sujet est riche et se décline en plusieurs siècles de frustration. En effet, bien peu des hypothèses formulées par nos savants ne purent être confirmées à ce jour. Et cela, en dépit de la précision chaque année grandissante de nos instruments de mesure.

La rupture entre micro et macroscospique s'est une fois de plus révélée au sein du centre de recherche de l'île d'Hawaï. Un trou noir de Kerr à l'échelle galactique n'a pas, nos confrêres le prouvèrent empiriquement, les mêmes propriétés qu'un trou noir de Kerr tenant sur un doigt. Ce dont nous étions nous-même témoins dans ce centre, rend tangible l'éventualité d'une complète réécriture de toutes les théories physiques et mathématiques depuis l'empire Gréco-Romain. Il est maintenant envisageable qu'elles soient dans leur entièreté, basées sur un mauvais paradigme. Et que notre compréhension de l'Univers ne soit ainsi pas plus qu'une superstition.

L'Homme a toujours considéré la logique qui régit les lois de notre Univers, comme une sorte de grammaire allégorique, dont les mathématiques sont l'expression. Pour paraphraser Gallilée, les mathématiques sont le langage de la nature. Si tantôt celles-ci suffirent à décrire notre réalité, par l'entremise du corps exotique artificielle spontanément apparu, les forces interagissant avec notre plan d'existence sont maintenant non-équivoques. Il n'est pas question d'une grammaire, mais contre toute vraisemblance, d'une structure.

Nous pouvons aujourd'hui affirmer que cette structure se compose d'acier et de tungstène, de papiers, de portes et fenêtres, et de tiroirs. D'autres matériaux - notamment le caoutchouc et la dentelle - furent observés par le soin de notre personnel, mais nous n'en avons pas confirmation. Nous ne sommes pas sûrs de ses dimensions, ni de son ancienneté.

Je vous partage ci-dessous le résumé du premier rapport de notre commission, et fort probablement, le dernier. Que Dieu nous vienne en aide.

Veuillez recevoir monsieur le Président, mes salutations les plus distinguées.

Que Dieu bénisse l'Amérique.

Thomas M.

--

5 juin 1995

Génération du premier condensât de Bose-Einstein dans l'un des laboratoires de l'institut JILA

L'existence du cinquième état de la matière, hypothétiquement présent au cœur des étoiles à neutrons est finalement prouvée, après plus d'un demi siècle.

Décembre 2016

L'agitation de superfluides par laser permet de générer une région de masse négative, au laboratoire de physique de l'Université de Washington.

Jour 0

Le premier trou noir rotatif est synthétisé sur terre, au laboratoire de l'observatoire Mauna Kea, Hawaï. 

Jour 10

Le comportement du trou noir vient à contredire les prévisions du superordinateur gracieusement offert par IBM. 

Ses dimensions restent inchangées, laissant présupposer l'absence de radiations. Son horizon disparaît et l'objet se mute en un trou de couleur noire, si pure que la lumière ne peut s'y refléter.

Jour 17

Notre équipe est dépêchée au centre, pour enquêter sur l'anomalie. 

Dans une première tentative, un endoscope est introduit. Les calculs du superordinateur n'ont pas prédit la réaction du corps artificiel, qui en opposition avec toutes les lois quantiques déterminées à ce jour, s'agrandit de deux fois sa taille avant de se stabiliser à un diamètre de 2 mm. Les images recueillies par le dispositif sont de couleur noire, et nous ne pouvons en extraire aucune donnée.

Jour 18

Notre brillant collègue, chercheur en mécanique des fluides Sean Hoshi, construit de toute pièce un crique miniature, formé de cures-dents. La tentative est un succès, le trou de couleur noire atteignant la circonspection record de trois centimètres.

S'ensuivent les insertions de différents objets de tailles variables. Balle de ping-pong, tennis, et finalement, ballon de handball. 

Il ne sera toutefois pas possible de dépasser le diamètre record de 50 cm.

Jour 19

Nous envoyons un drone télécommandé. La communication avec l'appareil se rompt à la traversée du corps de couleur noire. 

Jour 21

Forts de notre première expérience, nous envoyons un drone préprogrammé pour recueillir des données de l'espace extraterrestre et retourner à son point d'origine, passé un délai de plusieurs minutes. À notre confusion, nous n'avons pas trace de l'appareil après plusieurs heures.

Jour 25

Joowhan Higgs et Stella Lagrange sont recrutés par nos soins, pour explorer cet énigmatique au-delà.

Monsieur Higgs, chercheur en biologie moléculaire et titulaire du prestigieux prix John J. Carter de l'Académie des Sciences, qui est par ailleurs renommé dans le milieu des arts de scène, de par sa remarquable performance de contorsionniste au show télévisé "America's got talent", est unanimement choisi comme le parfait candidat pour l'excursion. Il en est de même pour Madame Lagrange qui, diplômée avec honneurs en Sciences Mathématiques de l'Université de Harvard a, par le passé, poursuivi une courte carrière de gymnaste artistique.

Jour 27

C'est avec horreur que nous assistons à l'effondrement du trou de couleur noire, aussitôt traversé par nos deux consorts. Nous n'avons pas connaissance de l'intégrité physique de nos collègues, et nous craignons le pire. Il semblerait que son interaction avec un observateur conscient ait précipité son instabilité.

Jour 40

Après 13 jours sans nouvelle d'Higgs ni Stella, nous commençons avec le plus grand désarroi, à écrire le communiqué officiel pour leurs familles et proches.

Nos préparatifs sont amenés à leur halte inopinée, lorsque la réception du centre nous fait part d'un appel m'étant destiné. Je peux alors de première main certifier de l'authenticité de son auteure, qui n'est autre que Madame Stella Lagrange.

Cette dernière me relate leur arrivée dans le nouvel espace. Les distances Cartésiennes ne s'appliquent pas à ce milieu, selon ses dires. Si elle lève le bras, elle peut en toucher l'extrémité, mais lorsqu'elle fait un pas, elle ne peut prédire à quel nouvel endroit de la structure elle se situera. Parfois en son centre, parfois à son autre bout. Elle et son collègue doivent prendre routinièrement soin de communiquer leur mouvement et position, afin de ne pas se juxtaposer. Ce qui, selon Lagrange, procure la sensation extrêmement inconfortable de porter des vêtements trempés et froids.

Je la questionne sur les moyens employés pour entrer en communication avec le centre. Elle me raconte avoir pensé nous téléphoner puis, après avoir reculé de deux pas, s'être retrouvée face à un téléphone à cadran PTT24 qu'elle se souvient avoir aperçu dans la maison de sa grand-mère à Dijon, France.

Je lui fais part de notre inquiétude et lui certifie que nous nous efforcerons de leur porter assistance. Madame Lagrange vient alors à m'assurer que “ça ne presse pas”, selon ses mots propres. Notre collègue, Higgs est attelé à l'exploration de la structure et a grande hâte de nous communiquer ses découvertes. Il leur arrive à diverses occasions d'avoir faim ou soif, mais la structure est riche en ravitaillements divers. La veille encore, à ce que j'apprends, tous deux se sont sustentés d'un Kielbasa Tchèque et bu une eau en bouteille du village Idir, Nord Afrique.

Le dialogue est coupé court, lorsque Madame Lagrange m'annonce qu'elle doit retrouver son collègue et continuer l'investigation. Bientôt, m'assure-t-elle, recevrons-nous un second appel.

Jour 62

Nous ne perdons pas la foi et attendons patiemment le second appel promis par le duo en exploration. Notre attente porte ses fruits, puisque nous sommes de nouveau contactés par la réception.

C'est au tour d'Higgs de me faire part de ses découvertes intra-structurelles. Il a recueilli les dizaines de milliers de textes aperçus sur des murs carrelés qui ne sont pas sans rappeler les toilettes de son lycée, dans des dossiers de plusieurs centaines de pages entassés sur des bureaux poussiéreux, et des petits mots doux visibles seulement sous lumière noire, sur des pilonnes d'acier, étrangement similaires à des lampadaires.

Dans les heures qui suivent le début de l'appel, mon collègue m'énumère un grand nombre de ces informations éparses, et dont je me permets de partager seulement un échantillon concis.

  • La mère de notre collègue Fred Amstrong lui transmet que son énurésie jusqu'à ses 16 ans n'est pas sa faute. Son père était un homme violent et à l'origine de beaucoup de ses traumatismes.
  • Lucie n'est pas le premier Humain de l'Histoire. Un plus vieux fossile gît sous une mine de Nord Afrique. Le pauvre individu a succombé à la faim après s'être fait une foulure à la cheville gauche.
  • Le capitaine William Foster a gagné la goélette "Clotilda" en trichant aux cartes. Quelle aurait été la destinée des 124 enfants Africains transportés en son sein, si l'homme avait joué selon les règles ?
  • Nous avons effacé tout enregistrement d'une information sensible communiquée à votre égard, monsieur le Président.
  • Une jeune femme raconte en larmes à son téléphone, qu'elle se sent terriblement, terriblement seule.
  • La structure irradie d'une chaleur estivale et son atmosphère est d'une constante de 24 degrés. Higgs me partage une approximation de la température, quand les instruments en leur possession affichent des données perpétuellement contradictoires.
  • Il est temps que l'Humanité arrête de croire en la fable d'enfant des quatre dimensions.
  • Il n'y a pas de cause, seulement des conséquences et leurs responsabilités.
  • Cet appel sera le dernier.

S'ensuit un bruit fort que je reconnais de mémoire personnelle, comme de celui d'un modem en cours de connexion. C'est ainsi que s'achève la dernière communication avec le reste de notre équipe.

Jour 71

Cela fait maintenant 9 jours que nous enregistrons le bruit de modem véhiculé par le combiné de téléphone, posé sur le bureau de réception du centre. En dépit de nos tentatives et de l'assistance d'un groupe d'experts en télécommunication, nous ne pouvons décrypter le contenu de la transmission. Cette dernière s'arrête en milieu de soirée, donnant suite à un silence sans tonalité.

Jour 196

Nous n'avons pas écho de nos collègues disparus et nous sommes contraints de communiquer à leur famille leur mort présupposée. Il est vent de l'arrêt d'injection de fonds, après l'absence prolongée de progrès dans nos expériences.

Jour 326

Une épidémie de cauchemars et terreurs nocturnes harasse mon personnel, tant et si bien que la force de travail s'amenuise. Les demandes de transfert et démissions se multiplient.

Tous me rapportent depuis quelques semaines, basculer certaines nuits dans un état hypnagogique, dans lequel un bruit de modem est entendu. S'ensuit la présence pressentie de Lagrange, de par son odeur ou son toucher. Dans certains cas, on me reporte entendre le fredonnement de la chanson enfantine Twinkle star, par une voix féminine.

Je décide unilatéralement d'annoncer la fin officielle de l'opération.

Jour 332

Je suis moi-même témoin de l'apparition hallucinée de ma collègue. Je l'entends me dire que notre fin à tous n'est pas de notre faute. Qu'elle n'aura pas de sens pour le faible potentiel de calcul de nos cerveaux humain. Elle me conforte, si ça peut me rassurer me dit-elle, la fin de cette histoire est bercée de chants tribaux. Qu'ils seront proférés avec sérénité. Qu'il y aura beaucoup d'embrassades. Et de couleur fuchsia.

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Architecture

A

Monsieur le président des États-Unis d'Amérique.

Monsieur,

Veuillez trouver par le présent courrier, le premier rapport de l'Agence de Recherche et Investigation de la Disparition que je dirige depuis sa création.

Dans le cadre de notre investigation, nous avons été contactés par le département de physique nucléaire, nouvellement crée sous l'observatoire de Mauna Kea, sur l'ile d'Hawaï. Ce département fut initialement fondé dans l'objectif de trouver une source d'énergie supérieure à la fusion nucléaire, dont la France est en tête de file. 

Au cours de l'expérience nouvellement baptisée BECKERR, l'équipe de chercheurs injectait avec succès, une paire de neutrons dans leur état supraconducteur, dans un condensât de Bose-Einstein en rotation. Comme anticipé, plus élevée devint la rotation du superfluide, plus la force d'attraction des deux atomes augmenta. Jusqu'au point de rupture où cette force dépassa la pression de dégénérescence de la paire de neutrons. S'ensuivit l'effondrement du système, analogue à l'effondrement d'une étoile à neutrons. En un mot, pour la première fois dans l'Histoire, un trou noir de Kerr fut observé ce jour-là, à l'échelle microscopique. C'est un succès sans précédent qui nous remet en tête de course à l'énergie. L'ergosphère d'un trou noir rotatif, à la bordure de son horizon, a en effet le potentiel de procurer une source quasi infinie d'énergie. Énergie qui, si proprement exploitée, marquerait la fin de la crise écologique dont souffrent nos sociétés contemporaines et ouvrirait un nouvel âge d'or de progrès scientifique.

C'est avec émotion et la plus immense fierté, monsieur le Président, que je vous reportais il y a plusieurs mois, cet exploit historique. Nous remercions le Centre Européen de Recherche Nucléaire de leur précieuse collaboration, ainsi que l'institut JIRA de l'État de Colorado, sans qui les États-Unis ne pourraient être aujourd'hui les pionniers de cette ère nouvelle. Et bien entendu, un succès aussi triomphant n'aurait pu exister sans l'aide de Dieu, qui pave toutes les victoires du peuple d'Amérique.

Or, c'est également avec la plus grande crainte que je vous soumets le présent rapport. Si nous étions conviés par le département de recherche d'Hawaï, ce n'était non pas pour célébrer un exploit, j'en ai peur, mais parce que les résultats de l'expérience BECKERR ont le pouvoir de remettre en question des siècles de progrès scientifique en physique, sous tous ses domaines de recherche. L'enjeu est incommensurable, c'est pourquoi avant de partager ce rapport, nous avons pris soin de demander sa relecture par deux corps indépendants. Les conclusions des organismes convergent vers nos conclusions propres. Nous nous en remettrons finalement, monsieur le président, à la décision de votre cabinet de porter ou non, cette conclusion à la population.

Afin de mettre en contexte les enjeux de cette expérience, je me permets de résumer en quelques mots, le problème de la théorie de la relativité d'Einstein :

Par le passé, nos plus brillants scientifiques ont multiplié les tentatives de marier deux principes fondamentaux, la théorie de la relativité générale et la physique quantique. Les propriétés d'un corps au niveau microscopique ne s'appliquant pas à un corps de plus grande masse. L'impossibilité d'une telle union, fut une barrière à notre avancée, en tant qu'espèce. La littérature scientifique à ce sujet est riche et se décline en plusieurs siècles de frustration. En effet, bien peu des hypothèses formulées par nos savants ne purent être confirmées à ce jour. Et cela, en dépit de la précision chaque année grandissante de nos instruments de mesure.

La rupture entre micro et macroscospique s'est une fois de plus révélée au sein du centre de recherche de l'île d'Hawaï. Un trou noir de Kerr à l'échelle galactique n'a pas, nos confrêres le prouvèrent empiriquement, les mêmes propriétés qu'un trou noir de Kerr tenant sur un doigt. Ce dont nous étions nous-même témoins dans ce centre, rend tangible l'éventualité d'une complète réécriture de toutes les théories physiques et mathématiques depuis l'empire Gréco-Romain. Il est maintenant envisageable qu'elles soient dans leur entièreté, basées sur un mauvais paradigme. Et que notre compréhension de l'Univers ne soit ainsi pas plus qu'une superstition.

L'Homme a toujours considéré la logique qui régit les lois de notre Univers, comme une sorte de grammaire allégorique, dont les mathématiques sont l'expression. Pour paraphraser Gallilée, les mathématiques sont le langage de la nature. Si tantôt celles-ci suffirent à décrire notre réalité, par l'entremise du corps exotique artificielle spontanément apparu, les forces interagissant avec notre plan d'existence sont maintenant non-équivoques. Il n'est pas question d'une grammaire, mais contre toute vraisemblance, d'une structure.

Nous pouvons aujourd'hui affirmer que cette structure se compose d'acier et de tungstène, de papiers, de portes et fenêtres, et de tiroirs. D'autres matériaux - notamment le caoutchouc et la dentelle - furent observés par le soin de notre personnel, mais nous n'en avons pas confirmation. Nous ne sommes pas sûrs de ses dimensions, ni de son ancienneté.

Je vous partage ci-dessous le résumé du premier rapport de notre commission, et fort probablement, le dernier. Que Dieu nous vienne en aide.

Veuillez recevoir monsieur le Président, mes salutations les plus distinguées.

Que Dieu bénisse l'Amérique.

Thomas M.

--

5 juin 1995

Génération du premier condensât de Bose-Einstein dans l'un des laboratoires de l'institut JILA

L'existence du cinquième état de la matière, hypothétiquement présent au cœur des étoiles à neutrons est finalement prouvée, après plus d'un demi siècle.

Décembre 2016

L'agitation de superfluides par laser permet de générer une région de masse négative, au laboratoire de physique de l'Université de Washington.

Jour 0

Le premier trou noir rotatif est synthétisé sur terre, au laboratoire de l'observatoire Mauna Kea, Hawaï. 

Jour 10

Le comportement du trou noir vient à contredire les prévisions du superordinateur gracieusement offert par IBM. 

Ses dimensions restent inchangées, laissant présupposer l'absence de radiations. Son horizon disparaît et l'objet se mute en un trou de couleur noire, si pure que la lumière ne peut s'y refléter.

Jour 17

Notre équipe est dépêchée au centre, pour enquêter sur l'anomalie. 

Dans une première tentative, un endoscope est introduit. Les calculs du superordinateur n'ont pas prédit la réaction du corps artificiel, qui en opposition avec toutes les lois quantiques déterminées à ce jour, s'agrandit de deux fois sa taille avant de se stabiliser à un diamètre de 2 mm. Les images recueillies par le dispositif sont de couleur noire, et nous ne pouvons en extraire aucune donnée.

Jour 18

Notre brillant collègue, chercheur en mécanique des fluides Sean Hoshi, construit de toute pièce un crique miniature, formé de cures-dents. La tentative est un succès, le trou de couleur noire atteignant la circonspection record de trois centimètres.

S'ensuivent les insertions de différents objets de tailles variables. Balle de ping-pong, tennis, et finalement, ballon de handball. 

Il ne sera toutefois pas possible de dépasser le diamètre record de 50 cm.

Jour 19

Nous envoyons un drone télécommandé. La communication avec l'appareil se rompt à la traversée du corps de couleur noire. 

Jour 21

Forts de notre première expérience, nous envoyons un drone préprogrammé pour recueillir des données de l'espace extraterrestre et retourner à son point d'origine, passé un délai de plusieurs minutes. À notre confusion, nous n'avons pas trace de l'appareil après plusieurs heures.

Jour 25

Joowhan Higgs et Stella Lagrange sont recrutés par nos soins, pour explorer cet énigmatique au-delà.

Monsieur Higgs, chercheur en biologie moléculaire et titulaire du prestigieux prix John J. Carter de l'Académie des Sciences, qui est par ailleurs renommé dans le milieu des arts de scène, de par sa remarquable performance de contorsionniste au show télévisé "America's got talent", est unanimement choisi comme le parfait candidat pour l'excursion. Il en est de même pour Madame Lagrange qui, diplômée avec honneurs en Sciences Mathématiques de l'Université de Harvard a, par le passé, poursuivi une courte carrière de gymnaste artistique.

Jour 27

C'est avec horreur que nous assistons à l'effondrement du trou de couleur noire, aussitôt traversé par nos deux consorts. Nous n'avons pas connaissance de l'intégrité physique de nos collègues, et nous craignons le pire. Il semblerait que son interaction avec un observateur conscient ait précipité son instabilité.

Jour 40

Après 13 jours sans nouvelle d'Higgs ni Stella, nous commençons avec le plus grand désarroi, à écrire le communiqué officiel pour leurs familles et proches.

Nos préparatifs sont amenés à leur halte inopinée, lorsque la réception du centre nous fait part d'un appel m'étant destiné. Je peux alors de première main certifier de l'authenticité de son auteure, qui n'est autre que Madame Stella Lagrange.

Cette dernière me relate leur arrivée dans le nouvel espace. Les distances Cartésiennes ne s'appliquent pas à ce milieu, selon ses dires. Si elle lève le bras, elle peut en toucher l'extrémité, mais lorsqu'elle fait un pas, elle ne peut prédire à quel nouvel endroit de la structure elle se situera. Parfois en son centre, parfois à son autre bout. Elle et son collègue doivent prendre routinièrement soin de communiquer leur mouvement et position, afin de ne pas se juxtaposer. Ce qui, selon Lagrange, procure la sensation extrêmement inconfortable de porter des vêtements trempés et froids.

Je la questionne sur les moyens employés pour entrer en communication avec le centre. Elle me raconte avoir pensé nous téléphoner puis, après avoir reculé de deux pas, s'être retrouvée face à un téléphone à cadran PTT24 qu'elle se souvient avoir aperçu dans la maison de sa grand-mère à Dijon, France.

Je lui fais part de notre inquiétude et lui certifie que nous nous efforcerons de leur porter assistance. Madame Lagrange vient alors à m'assurer que “ça ne presse pas”, selon ses mots propres. Notre collègue, Higgs est attelé à l'exploration de la structure et a grande hâte de nous communiquer ses découvertes. Il leur arrive à diverses occasions d'avoir faim ou soif, mais la structure est riche en ravitaillements divers. La veille encore, à ce que j'apprends, tous deux se sont sustentés d'un Kielbasa Tchèque et bu une eau en bouteille du village Idir, Nord Afrique.

Le dialogue est coupé court, lorsque Madame Lagrange m'annonce qu'elle doit retrouver son collègue et continuer l'investigation. Bientôt, m'assure-t-elle, recevrons-nous un second appel.

Jour 62

Nous ne perdons pas la foi et attendons patiemment le second appel promis par le duo en exploration. Notre attente porte ses fruits, puisque nous sommes de nouveau contactés par la réception.

C'est au tour d'Higgs de me faire part de ses découvertes intra-structurelles. Il a recueilli les dizaines de milliers de textes aperçus sur des murs carrelés qui ne sont pas sans rappeler les toilettes de son lycée, dans des dossiers de plusieurs centaines de pages entassés sur des bureaux poussiéreux, et des petits mots doux visibles seulement sous lumière noire, sur des pilonnes d'acier, étrangement similaires à des lampadaires.

Dans les heures qui suivent le début de l'appel, mon collègue m'énumère un grand nombre de ces informations éparses, et dont je me permets de partager seulement un échantillon concis.

  • La mère de notre collègue Fred Amstrong lui transmet que son énurésie jusqu'à ses 16 ans n'est pas sa faute. Son père était un homme violent et à l'origine de beaucoup de ses traumatismes.
  • Lucie n'est pas le premier Humain de l'Histoire. Un plus vieux fossile gît sous une mine de Nord Afrique. Le pauvre individu a succombé à la faim après s'être fait une foulure à la cheville gauche.
  • Le capitaine William Foster a gagné la goélette "Clotilda" en trichant aux cartes. Quelle aurait été la destinée des 124 enfants Africains transportés en son sein, si l'homme avait joué selon les règles ?
  • Nous avons effacé tout enregistrement d'une information sensible communiquée à votre égard, monsieur le Président.
  • Une jeune femme raconte en larmes à son téléphone, qu'elle se sent terriblement, terriblement seule.
  • La structure irradie d'une chaleur estivale et son atmosphère est d'une constante de 24 degrés. Higgs me partage une approximation de la température, quand les instruments en leur possession affichent des données perpétuellement contradictoires.
  • Il est temps que l'Humanité arrête de croire en la fable d'enfant des quatre dimensions.
  • Il n'y a pas de cause, seulement des conséquences et leurs responsabilités.
  • Cet appel sera le dernier.

S'ensuit un bruit fort que je reconnais de mémoire personnelle, comme de celui d'un modem en cours de connexion. C'est ainsi que s'achève la dernière communication avec le reste de notre équipe.

Jour 71

Cela fait maintenant 9 jours que nous enregistrons le bruit de modem véhiculé par le combiné de téléphone, posé sur le bureau de réception du centre. En dépit de nos tentatives et de l'assistance d'un groupe d'experts en télécommunication, nous ne pouvons décrypter le contenu de la transmission. Cette dernière s'arrête en milieu de soirée, donnant suite à un silence sans tonalité.

Jour 196

Nous n'avons pas écho de nos collègues disparus et nous sommes contraints de communiquer à leur famille leur mort présupposée. Il est vent de l'arrêt d'injection de fonds, après l'absence prolongée de progrès dans nos expériences.

Jour 326

Une épidémie de cauchemars et terreurs nocturnes harasse mon personnel, tant et si bien que la force de travail s'amenuise. Les demandes de transfert et démissions se multiplient.

Tous me rapportent depuis quelques semaines, basculer certaines nuits dans un état hypnagogique, dans lequel un bruit de modem est entendu. S'ensuit la présence pressentie de Lagrange, de par son odeur ou son toucher. Dans certains cas, on me reporte entendre le fredonnement de la chanson enfantine Twinkle star, par une voix féminine.

Je décide unilatéralement d'annoncer la fin officielle de l'opération.

Jour 332

Je suis moi-même témoin de l'apparition hallucinée de ma collègue. Je l'entends me dire que notre fin à tous n'est pas de notre faute. Qu'elle n'aura pas de sens pour le faible potentiel de calcul de nos cerveaux humain. Elle me conforte, si ça peut me rassurer me dit-elle, la fin de cette histoire est bercée de chants tribaux. Qu'ils seront proférés avec sérénité. Qu'il y aura beaucoup d'embrassades. Et de couleur fuchsia.

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setokesan

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