[-] Klaq@jlai.lu 2 points 41 minutes ago

Composé en deux parties consacrées à des lieux et des situations distinctes, Écoute les murs tomber pose de nombreux jalons sur la façon dont « l’humain, poussé par le désir d’aller et venir, de vivre et de s’affranchir des interdits et des impasses, contourne, seul ou en collectif, ce qui l’enferme, l’empêche, le contraint », énonce le réalisateur.

Les deux parties sont liées entre elles et rythmées par une voix off lisant comme un conte des extraits du texte À travers le mur de la philosophe Hannah Arendt et portée par Casey, fine lame du rap, Franco-Martiniquaise née en Seine-Saint-Denis, très engagée contre les violences policières et le racisme.

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submitted 42 minutes ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu
[-] Klaq@jlai.lu 3 points 1 day ago
[-] Klaq@jlai.lu 2 points 2 days ago

J'en suis désolé aussi.

[-] Klaq@jlai.lu 3 points 2 days ago

D'accord avec toi dans un monde où l'Etat sera seul financeur. Dans la réalité les CHU sont des opérateurs qui négocient aussi de la tune avec des collectivités, des communautés de communes, des départements, des régions. Peuvent faire appel à du mécénat, à des fondations. Il y aussi des candidatures sur des fonds européens. La question de l'identification et de l'attractivité a par ailleurs été indiqué dans l'article.

Donc oui, je pige qu'un lambda, un fonctionnaire classique n'y voit aucun intérêt et c'est même normal. Mais un décideur d'appels à projets, une fondation internationale etc, là ça joue. Et on parle de choses qui amènent des financements sur plusieurs années et de sommes à 6 chiffres derrière.

[-] Klaq@jlai.lu 3 points 2 days ago* (last edited 2 days ago)

Perso j’ai du mal à comprendre un tel engouement vers une telle réforme. Les bas revenus seront mécontents à long terme car les 100 eur par mois d’avantages seront très rapidement absorbés par d’autres augmentations continues (inflation, énergie,…) qui feront que ça ne changera rien à leur vie. Les revenus à partir de la classe moyenne seront mécontents d’être taxés plus, et les hauts revenus vont trouver des alternatives pour contourner ça.

Je pense que le nœud du problème est ici : les bas revenus sont déjà mécontents et ne s'en sortent pas. La classe moyenne ne se fera pas taxer plus.

Pour rappel la hausse c'est à partir de 3900€ / mois par personne pour un célibat sans enfant. On est assez éloignée de la médiane française qui est de 1900€ / mois.

[-] Klaq@jlai.lu 4 points 2 days ago

Eric Ciotti a été réélu haut la main et sans grande surprise dans la première circonscription des Alpes-Maritimes avec 45,14 % des suffrages. Eric Ciotti a tout fait pour gagner et Eric Ciotti a gagné. Pour paraphraser Corneille, il partit seul mais, par un prompt grondement, il n’en vit aucun en arrivant au port.

Eric Ciotti est seul, et c’est sur des ruines fumantes qu’il célèbre sa drôle de victoire.

Après les rebondissants épisodes de son inénarrable trahison (dont Shakespeare lui-même n’aurait pas renié la paternité) on le retrouve lundi 9 juillet dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale, flanqué d’une poignée de députés, une armée plus réduite qu’espérée, une armée prise entre deux rives, mi-Républicaine, mi-RN, plus tout à fait l’une, mais pas vraiment l’autre, comme un vieux vêtement qu’on trempe dans un bac à teinture et qui ressort avec une couleur indéfinie. «Sa tactique était un fusil à un coup»

Pour la photo de groupe, le député niçois sourit, laissant apparaitre des dents de la chance. Il sourit sans sourire, comme quelqu’un qui y a cru.

Eric Ciotti est un roi sans couronne.

Le groupe parlementaire que monsieur Ciotti a constitué avec la grappe de députés (comme lui alliés du RN) a été baptisé «A droite !». Ce point d’exclamation qui affirme haut et fort ce que la grande majorité de ses anciens camarades désormais lui dénient ne saurait à lui seul lui rendre sa crédibilité. C’est Jean-François Copé qui, dans le magazine Challenges, en parle le plus durement : «Sa tactique était un fusil à un coup : elle ne pouvait marcher que si le RN arrivait au pouvoir. Puisque ce ne sera pas le cas, il ne leur servira jamais, et il ne sera rien pour eux. Côté LR, c’est l’impossible pardon. Désormais il se trimballera à tout jamais une image de traître.»

Finito.

On connaît depuis longtemps les appétences naturelles d’Eric Ciotti pour l’autorité. Son triptyque de prédilection : «ordre, autorité et liberté», dont il aime à se repaître, semble vouloir narguer la devise républicaine inscrite sur tous les bâtiments publics. A noter que le mot liberté, chez Ciotti, occupe la troisème place seulement, et qu’aux mots «égalité et fraternité» il oppose la plus grande fermeté.

Car derrière la monture austère de ses lunettes, Eric Ciotti se rêve en ministre de l’Intérieur. Il s’y voit depuis longtemps, s’y emploie depuis toujours, dérivant vers des eaux de plus en plus troubles, empruntant même au Rassemblement national sa rhétorique sécuritaire (immigration, islamo-gauchisme, wokisme, etc.). Devenir ministre, c’est du boulot, et le député niçois n’a jamais été aussi près de réaliser son rêve bleu que le jour où il a sauté le pas en s’alliant au RN. Fruit hybride

Mais hélas, pour lui la fusion n’a rien donné. Avec la défaite de Jordan Bardella, le job de ministre lui est passé sous le nez. Il arrive qu’un fruit hybride issu du croisement de deux variétés ne réponde pas aux espérances. A la seconde génération d’hybrides, les graines de fruits peuvent s’avérer inertes, c’est-à-dire qu’elles ne sont plus capables de germer et de produire de nouveaux fruits. Quand la nature ne veut pas…

Dommage qu’Eric Ciotti ne se soit pas intéressé de près à la fruiticulture, il en aurait peut-être pris de la graine. Mais n’oublions pas qu’à la course au pouvoir, nul n’est à l’abri d’une déloyauté.

Des cadavres, il en remonte de tous les côtés, en ce moment. Et quelque chose me dit que ce n’est pas fini.

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[-] Klaq@jlai.lu 7 points 3 days ago

Délictualiser, criminaliser l'homosexualité c'est comme interdire la pluie ou la sécheresse,.c'est pour satisfaire les fachos mais ça sert à rien. Une nouvelle tragique pour les concerné.e.s.

[-] Klaq@jlai.lu 8 points 3 days ago

Le gouvernement du Burkina Faso, pays sahélien dirigé par une junte militaire, a adopté en conseil des ministres un projet de loi qui prévoit notamment d’interdire l’homosexualité, selon un compte rendu officiel consulté jeudi 11 juillet par l’Agence France-Presse.

Le conseil a adopté un décret pour un nouveau code des personnes et de la famille (CPF) qui « consacre l’interdiction de l’homosexualité » dans le pays, précise la présidence dans un communiqué. « Dorénavant l’homosexualité et les pratiques assimilées sont interdites et sont punies par la loi », a souligné le ministre de la justice, Edasso Rodrigue Bayala.

Les peines encourues n’ont pas été précisées et le texte doit encore être adopté par les députés de l’Assemblée législative de transition. Jusqu’à présent, aucune loi ne pénalisait l’homosexualité au Burkina Faso. En août 2023, le conseil supérieur de la communication, l’organe régulant les médias, avait décidé d’« interdire de diffusion les chaînes de télévision faisant la promotion de l’homosexualitée

Les relations homosexuelles sont interdites dans un tiers des pays du monde et peuvent être, dans certains d’entre eux, passibles de prison voire de peine de mort. Sur le continent africain, l’homosexualité est criminalisée dans une trentaine de pays et certains ont récemment durci leurs lois, comme le Ghana ou l’Ouganda.

Le nouveau CPF burkinabé prévoit, par ailleurs, une série de mesures concernant l’acquisition et la déchéance de nationalité. Est ainsi ajoutée une révision permettant d’intégrer le « fait de se comporter et d’agir contre les intérêts du Burkina Faso comme cause de déchéance de la nationalité burkinabée ».

Le nouveau texte prévoit également un délai minimal de cinq ans pour l’acquisition de la nationalité pour les étrangers qui contractent des mariages avec les Burkinabés. Le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir au Burkina Faso depuis un coup d’Etat en septembre 2022, a fait de la souveraineté de son pays la ligne directrice de sa gouvernance.

[-] Klaq@jlai.lu 8 points 3 days ago

C'est le truc fascinant de notre époque où l'on a jamais autant plaidé pour une rationalité et un libre arbitre tout en maintenant un très haut degré de manipulation dans différents outillages et du dirigisme caché dans toutes les strates de nos existences.

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[-] Klaq@jlai.lu 18 points 3 days ago

Mon daron est saisonnier dedans. Je suis colère. L'année dernière il s'est limite fighté avec son patron pour qu'un gars se repose, c'était la saison où il y a eu des morts d'insolation.

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[-] Klaq@jlai.lu 14 points 4 days ago

L'usage du conditionnel, l'exemple d'Orban, c'est parfait. Merci Frédéric Blanchi.

Le libre marché a tellement bien réussi à redistribuer les richesses jusque-là, ce serait tellement dommage de remettre un peu de justice sociale avec de l'interventionnisme.

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Il y a quelque chose d’émouvant chez Lidia Cruz, cheveux châtain frisés, institutrice quinquagénaire pleine d’énergie au sourire désarmant. Son tee-shirt vert dit «Guanarteme, en risque d’extinction». Le slogan est auréolé du dessin d’une sorte de surhomme barbu à la longue chevelure : un certain Tenesor Semidán, alias Fernando Guanarteme, dernier roi indigène des Canaries, mort en 1496 peu avant la colonisation de l’archipel par les Espagnols. Guanarteme, c’est aussi le quartier populaire où elle vit depuis un demi-siècle, au numéro 17 de la rue Luchana, une maison modeste à l’ancienne, avec sa mère et ses deux filles. A une encablure de là, elle désigne deux édifices flambant neufs de 12 et 17 étages, et un chantier gigantesque qui a coupé la rue en deux pour y édifier un complexe hôtelier. Les pelleteuses y bataillent contre des remontées d’eau du sous-sol.

«Vous croyez qu’on aurait été consultés pour ces folies démesurées ? C’était un quartier tranquille, d’ouvriers, avec ses garages, ses ateliers et sa fabrique de tabac. Et aujourd’hui ces monstres de béton, et le bruit, et les camions, et la fatigue nerveuse. Dans ce nouveau chantier, le 35m² y est annoncé à au moins 900 euros. Qui peut s’offrir cela ici ? interroge-t-elle. Personne. Les gens partent vers la périphérie insalubre, les jeunes en premier. Le tissu social est mort, je ne reconnais plus personne. Moi, une Canarienne de génération en génération ! Spéculateurs, constructeurs, politiques, ils ont réussi à faire que je me sente comme ça, mes filles Xiomara et Idaira aussi. Ou bien on arrête cela, ou je ne sais pas quoi vous dire…»

Son sourire s’éteint, puis brille de nouveau lorsqu’elle évoque la mobilisation du 20 avril. Celle du «Trop, c’est trop». Des dizaines de milliers de Canariens répandus dans tout Las Palmas – la capitale de l’île de Grande Canarie –, plus de 200 000 dans tout l’archipel (soit 10 % de la population), pour pousser une clameur contre la massification du tourisme. «Les Canaries s’épuisent», «Mon immeuble n’est pas un hôtel», «Ici des gens vivent», «Ce n’est pas du tourisme, c’est une colonisation», «Et nous, où allons-nous partir ?» Les slogans visent tous les problèmes : le logement de plus en plus cher, les espaces naturels envahis, les infrastructures qui craquent, les ressources naturelles qui s’épuisent…

«Cette mobilisation est historique, elle sonne le réveil des consciences longtemps amorphes. Les gens n’en peuvent plus car tout est désormais rentabilisable, au plus offrant. Comme s’il fallait se prosterner devant le dieu Tourisme», lâche Enrique Reina, croisé place d’Espagne où de grandes figures de pierre représentent les activités primaires de l’archipel. Le jeune homme au bouc brun, membre du collectif «Taneckra» ( «indépendance» en langue berbère) revendique un orgueil local et dénonce une sensation d’étouffement. La situation de ce professeur d’histoire au chômage résume bien la schizophrénie de cette région espagnole perdue dans l’océan Atlantique. Dans sa demeure familiale vivent son père magasinier, sa mère malade d’un cancer et en arrêt maladie, et un frère accompagnateur de bus scolaires. «Chaque mois, tous ensemble, notre revenu atteint à peine les 1 000 euros. Comment on fait alors qu’un 30m² coûte 1 300 euros, effet de l’invasion touristique et de la gentrification ?» Haute saison permanente

En Espagne, deuxième destination touristique du monde derrière la France mais devant la Chine ou les Etats-Unis (85 millions de visiteurs en 2023, au moins 90 millions prévus cette année), cette massification fait des dégâts dans plusieurs territoires sensibles : Barcelone, Malaga, Madrid, îles Baléares… Mais nulle part autant que dans l’archipel canarien, aux ressources très limitées. Ici, le déséquilibre est vertigineux : 16,2 millions de touristes l’an dernier pour 2,2 millions d’habitants. Et la haute saison permanente, en raison du climat africain et ses alizés bienfaiteurs, attire Européens l’hiver et péninsulaires l’été. Véritable poule aux œufs d’or, le tourisme pèse 35,5 % du PIB régional, 40 % de l’emploi et 30 % des recettes fiscales. Sur la seule île de Grande Canarie, il a rapporté 22 milliards d’euros en 2023, en hausse de 12 % en un an.

Mais le Canarien ordinaire, lui, ne s’y retrouve pas, avec des salaires parmi les plus bas du pays (entre 900 et 1 200 euros en moyenne) et 34 % de la population en risque d’exclusion. Benayga, 30 ans, une des organisatrices de la manifestation monstre du 20 avril, y voit une forme de continuité historique. «Mes parents, oncles, grands-pères et arrière-grands-pères, tous ont travaillé comme employés sans aucun droit pour des patrons, ou bien ils ont émigré au Venezuela, ou en Espagne continentale. Nous les jeunes, aujourd’hui, on doit choisir entre émigrer ou se contenter de jobs sans qualification et mal payés dans un hôtel ou un restaurant. On n’a pas cessé de porter des plateaux pour les puissants. On n’a pas cessé d’être des esclaves. Va-t-on rompre avec cette fatalité coloniale ? C’est ça qui en est jeu aujourd’hui», assène cette infirmière.

De l’avis général, le surtourisme aiguise principalement le drame du logement et de l’espace disponible. A Grande Canarie, île dont la moitié du territoire, notamment les espaces protégés et inscrits au Patrimoine mondial, est inconstructible, la densité – 548 habitants au km² – dépasse celle du Japon. Dans ce contexte déjà surchargé, chaque nouvelle vague de touristes – ou, plus récemment, de «digital nomads» venus télétravailler au soleil – accentue les ravages sur le marché résidentiel. «Il y a un effondrement général, avec des dizaines de projets hôteliers et touristiques en cours», dénonce le documentariste Felipe Ravina.

Si la crise du tourisme explose aujourd’hui, c’est précisément parce que les logements à destination des vacanciers se multiplient comme des petits pains, de manière visiblement incontrôlée. «Dans l’archipel, on est passé de 5 000 à 54 000 logements de ce type en quelques années seulement», pointe Eugenio Reyes, de l’organisation Ecologistes en action. Depuis fin 2022, leur nombre a augmenté de près de 40 %, selon les chiffres du gouvernement régional. A tel point que les Canaries comptent désormais davantage de lits dans des appartements touristiques (plus de 261 000) que dans les hôtels (environ 256 000). «Le tourisme a 100 ans aux Canaries et il n’y avait jamais eu, avant, de problème majeur, complète Eugenio Reyes. Le conflit a surgi avec l’irruption de fonds spéculatifs qui transforment ou construisent des milliers de logements de 20 à 30 m². Lesquels, vu leur superficie et leur prix, sont uniquement destinés aux touristes, et pas aux résidents. Il faut absolument mettre des limites.»

Poser des limites : le diagnostic est désormais largement partagé. «Continuer à mesurer le succès du tourisme en termes quantitatifs est une irresponsabilité», lance José Luis Zorelda, d’Exceltur, l’association des 30 plus grandes entreprises du secteur. Même Jorge Marichal, le tout-puissant président d’Ashotel, qui regroupe l’essentiel des logements touristiques, reconnaît qu’il faut y mettre un frein. «En plus, c’est se tirer une balle dans le pied, estime un hôtelier de la longue plage de Las Canteras, à Las Palmas. Si les concentrations de visiteurs sont telles que les Canariens n’ont plus droit de cité, dites-moi quel est l’intérêt de venir ici, sans gastronomie, sans artisanat, sans art de vivre local ?» Une liste à laquelle le documentariste Felipe Ravina ajoute la préservation du patrimoine naturel, lui aussi sous pression. «Il est incompréhensible que les touristes ne dépensent pas 1 euro pour la biodiversité, si fragile ici, et sa conversation», déplore-t-il. Sans diversification, «la mort assurée»

Les autorités politiques semblent, elles aussi, avoir pris conscience du péril que constitue le sentiment généralisé de mal-être et de colère. Le gouvernement régional, gouverné par la droite, prépare ainsi un projet de loi pour limiter les usages touristiques. «La difficulté, c’est que ce type d’appartements s’infiltre partout, parfois en marge de la légalité, se défend le ministre adjoint au Tourisme, José Manuel Sanabria. Les mairies doivent exercer ce rôle de contrôle. Or, à Grande Canarie, il n’y a que deux communes qui appliquent des restrictions.»

Dans le quartier colonial de Las Palmas, où trône le palais qui héberge l’organe de gouvernement de l’île, son président, le «cabildo» Antonio Morales, du parti régionaliste de gauche Nuevas Canarias, ne botte pas en touche face au «problème crucial» posé par le surtourisme et ses conséquences sociales. «Ça fait vingt ans que l’exécutif régional n’a pas construit de logements sociaux. Si on ne régule pas le secteur, on va vers le pire. Par ailleurs, et nous avons commencé à le faire à Grande Canarie avec l’audiovisuel, le numérique ou l’aquaculture, il faut absolument diversifier l’économie. Mettre toutes ses billes dans le même panier touristique, c’est la mort assurée.»

Sortir de la monoculture touristique, si rentable que l’archipel y a longtemps lié son sort et sa prospérité, n’est toutefois pas chose aisée. D’autant que parfois, la loi s’en mêle, comme dans les «zones touristiques» établies dans les meilleurs lieux, le long des plus belles plages de l’archipel. Comme à la pointe sud de Grande Canarie, où les dunes de Maspalomas et la Playa del Inglès ressemblent à un gigantesque et luxueux complexe hôtelier muni de parcs aquatiques et de casinos. Tout le continent européen prospère semble y être réuni, et on peine à y détecter un Canarien qui ne soit pas serveur ou réceptionniste.

Depuis 2013, une loi oblige tous les propriétaires locaux d’un appartement situé dans cette vaste zone à le louer à un visiteur, via un «exploitant touristique». A l’ombre d’une palmeraie de Bahia Feliz, Maribe Doreste, qui préside un collectif de Canariens affectés par cette loi, détaille dans une colère froide : «On nous oblige à louer pour une misère à des touristes via des sociétés allemandes ou norvégiennes. Et depuis l’an dernier, on reçoit des amendes de 2 300 euros si on ne loue pas nos résidences secondaires voire, dans certains cas comme le mien, notre résidence principale !»

Dans le nord-ouest de l’île, dans la jolie localité de Galdar, bien plus authentique, Victor Suarez, membre d’un collectif qui lutte contre une centrale électrique géante, exprime son désenchantement : «Pendant longtemps, on nous disait «Soyez aimables avec les touristes», et on n’a rien contre eux ! Mais sur mon île, je ne suis plus chez moi. Un logement touristique m’a viré de mon appart de la Playa del Agujero. Et quand je vais au Roque Nublo, l’un des plus grands rochers du monde situé au centre de Grande Canarie, c’est le Machu Picchu…»

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« L’ami » français de Benyamin Nétanyahou a perdu son fauteuil. Après une décennie à l’Assemblée nationale, Meyer Habib (apparenté LR) n’est plus député. Celui qui fut l’un des membres les plus clivants de l’Hémicycle, où il défendit sans relâche la politique de la droite israélienne et de son chef, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qu’il fréquente depuis trois décennies, s’est incliné le 7 juillet dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, face à une candidate Renaissance, Caroline Yadan, victorieuse avec 52,7 % des voix.

Meyer Habib, le député qui en faisait trop Arrivé en tête au premier tour, M. Habib a pâti d’une mobilisation importante dans cette circonscription qui comprend huit pays : Israël, l’Italie, Malte, Saint-Marin, le Vatican, Chypre, la Grèce et la Turquie. La participation s’élève à 24,3 % au second tour, un chiffre qui peut sembler dérisoire au vu de la moyenne nationale. Mais avec plus de 36 000 votants, il est deux fois plus important qu’à la législative partielle de 2023, convoquée après l’invalidation de l’élection de M. Habib pour des abus durant la campagne électorale de l’année précédente.

M. Habib a obtenu la majorité des suffrages en Israël le 7 juillet. Mais les voix décomptées ailleurs, notamment en Italie, lui coûtent son siège. Mme Yadan a aussi bénéficié d’un important report des voix de gauche, à l’appel de la candidate du Nouveau Front Populaire, Yaël Lerer, défaite au premier tour.

Une proximité avec Eric Ciotti

Dans une vidéo enregistrée devant le mur des Lamentations, à Jérusalem, dimanche soir, M. Habib, fameux pour ses outrances, a accusé sa concurrente de s’être « alliée avec l’extrême gauche antisémite. » Mme Yadan a suggéré pour sa part que son rival avait bénéficié du soutien du Rassemblement National (RN), qui n’a pas présenté de candidat dans sa circonscription.

Durant la campagne, M. Habib s’était vanté de sa proximité avec Eric Ciotti et avait ménagé le RN. Interrogé lundi par la chaîne israélienne Kan, il a souligné que « Marine Le Pen a doublé ses sièges. Je ne suis pas en sa faveur, mais elle est moins pire que l’extrême gauche qui déteste Israël. Ils ont attiré les Arabes de France (…) qui ne savent même pas où se situent la Palestine et la Jordanie sur une carte ».

Après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, et le début de la guerre à Gaza, Meyer Habib avait qualifié la population de Gaza dans son ensemble de « cancer ». Il avait apporté dans l’Hémicycle un appui sans nuance à la contre-offensive du gouvernement israélien, qui a causé, à ce jour, la mort de plus de 38 000 Palestiniens selon les autorités de santé de Gaza. Durant la campagne, dans des vidéos enregistrées à ses côtés, M. Nétanyahou et le ministre de la défense, Yoav Gallant, lui avaient offert leur soutien.

Sa successeure, Mme Yadan, avocate de 55 ans, est entrée à l’Assemblée nationale en juin 2022, en tant que suppléante du ministre de la transformation et de la fonction publiques, Stanislas Guérini. Elle a également ferraillé avec des députés de gauche sur la question de l’antisémitisme, et a suggéré dans un tweet, accompagné d’un clin d’œil, la dissolution de La France insoumise. Elle a félicité lundi M. Habib « pour son courage ».

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https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/08/au-japon-la-gouverneure-nationaliste-de-tokyo-se-reve-premiere-ministre_6247929_3210.html

Le tanuki (« raton laveur ») est un animal apprécié au Japon, où le folklore en a fait un maître de la métamorphose. Beaucoup de Japonais retrouvent ses talents dans Yuriko Koike, fervente nationaliste qui se rêve première ministre, après avoir été largement réélue, dimanche 7 juillet, avec 42,8 % des suffrages exprimés, pour un troisième mandat de gouverneure de Tokyo.

Baptisée « le raton laveur vert » – de la couleur de son « parti des citoyens en premier » –, cette ultranationaliste, âgée de 71 ans, a devancé plus d’une cinquantaine d’adversaires avec l’appui du Parti libéral démocrate (PLD, conservateur, au pouvoir). Son programme, nommé « Tokyo grandes réformes, 3.0 », s’appuyait sur trois piliers : « sécurité, diversité, smart city ». Elle a promis des mesures fortes pour l’environnement et les familles avec enfants, dans la lignée de ses efforts en faveur de la gratuité de la scolarité. De quoi séduire des Tokyoïtes inquiets du coût de la vie et du déclin démographique.

La gouverneure est notamment appréciée pour ses efforts en faveur des familles et de la préparation aux catastrophes dans une ville soumise à un fort risque sismique. Elle bénéficie d’une réelle stature internationale. « J’ai reçu le soutien inconditionnel des habitants de Tokyo qui, une fois de plus, m’ont demandé de promouvoir davantage de réformes et d’améliorer leurs conditions de vie », a déclaré Yuriko Koike, qui parfait ainsi son ancrage dans la capitale de 13,5 millions d’habitants.

Fait rare au Japon, la campagne a suscité un réel intérêt. Le taux de participation a atteint 60,6 %, contre 55 % en 2020. Elle a également été ponctuée d’incidents – huées, menaces – pendant les discours des principaux candidats, dont Mme Koike, et d’opérations d’affichage sauvage. « Je n’avais jamais vu ça », a regretté la gouverneure, ce qui ne l’a pas empêché de largement dominer ses adversaires. La première d’entre eux, Renho Murata, candidate soutenue par l’ensemble de l’opposition, misait sur un programme progressiste pour renverser la gouverneuse sortante.

Reproches.

Yuriko Koike est née en 1952 à Ashiya, dans le département de Hyogo (Ouest). Elle a étudié la sociologie à l’université Kwansei Gakuin avant d’intégrer l’université du Caire, un choix dicté par son père, négociant dans le domaine pétrolier et promoteur de liens solides avec les pays arabes. En Egypte, elle rencontre un étudiant japonais qu’elle épouse avant de divorcer quelques mois plus tard. Elle ne s’est jamais remariée.

Arabisante, même si des doutes planent sur la réalité de son diplôme cairote, Mme Koike a travaillé comme interprète, puis présentatrice, sur la chaîne privée TV Tokyo. Elle se lance en politique et est élue en 1992 pour la première fois à la chambre haute, avec l’appui du défunt Nouveau Parti du Japon.

Elle rejoint en 2002 le Parti libéral-démocrate (PLD), la quasi indéboulonnable formation au pouvoir au Japon. Ministre de l’environnement de 2003 à 2006, elle porte la populaire réforme des « Cool biz » et « Warm biz » qui incitent à adapter sa tenue aux saisons afin de limiter l’usage des climatiseurs l’été et du chauffage l’hiver. En 2007, elle devient la première femme à diriger le ministère de la défense, à la fin du premier mandat du très nationaliste Shinzo Abe – assassiné en 2022. En 2016, Mme Koike renonce au Parlement pour briguer le gouvernorat de Tokyo. Elle l’emporte, devenant la première femme à diriger la capitale japonaise. Elle est réélue en 2020.

Son action suscite toutefois des reproches, comme le non-respect de certains de ses engagements. Elle avait promu en 2016 les « douze zéro » : « zéro centrale nucléaire », « zéro gaspillage alimentaire » ou encore « zéro allergie au pollen ». Au final, résume l’écrivain Osamu Tekina dans un commentaire sans pitié : « Zéro réussite. Zéro réalisation. Zéro intelligence. Zéro responsabilité. Zéro pour toujours. Combien de fois nous, les humains, nous laisserons-nous berner par le vieux raton laveur ? »

Mme Koike se voit également critiquée pour son échec à faire de Tokyo un hub de la finance en Asie – une ambition affichée depuis 2017. Une partie de la population lui reproche le coût des Jeux olympiques de Tokyo de 2021, l’autorisation donnée au déménagement du marché aux poissons de Tsukiji ou au controversé projet de redéveloppement du quartier verdoyant de Jingu Gaien. Ses concepteurs, menés par le géant de la construction Mitsui, prévoient d’abattre des centaines d’arbres et de bâtir de nouvelles tours, une aréna et un nouveau stade de baseball.

Indéniable talent de communicante.

L’ancrage nationaliste de Yuriko Koike lui vaut son lot de polémiques. En 2023, Tokyo commémorait le centenaire du tremblement de terre qui fit 105 000 morts dans la capitale et sa région. La gouverneure a refusé de rendre hommage aux victimes coréennes des massacres commis par la police et la population dans les jours qui ont suivi le séisme. Elle s’est fréquemment rendue au très controversé sanctuaire Yasukuni, dédié à Tokyo aux soldats morts pour la patrie, y compris à certains criminels de guerre de la seconde guerre mondiale.

Son indéniable talent de communicante a permis de surmonter ces attaques. Il lui avait déjà servi en 2020 au début de la pandémie de Covid-19, quand le gouvernement semblait dépassé par la crise sanitaire. Sa gestion du virus, menée à travers des messages de bon sens délivrés quotidiennement sur YouTube, avait contribué à sa réélection pour un deuxième mandat à l’été 2020.

Son troisième succès à la tête d’une ville doté d’un budget à 14 000 milliards de yens (80 milliards d’euros) l’impose un peu plus dans un paysage politique nippon fragmenté, entre l’impopulaire premier ministre, Fumio Kishida, et une opposition peu audible. Forte de sa victoire, estime Hiroshi Shiratori, de l’université Hosei, Mme Koike pourrait « se lancer dans la course au poste de premier ministre ».

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«Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous ne cessons de passer avec elle des compromis honteux. Ce sentiment de honte est un des plus puissants motifs de la philosophie ("). Et il n'y a pas d'autre moyen que de faire l'animal (grogner, fouir, ricaner, se convulser) pour échapper à l'ignoble: la pensée même est parfois plus proche d'un animal qui meurt que d'un homme vivant, même démocrate.» Cette tirade de Gilles Deleuze et Félix Guattari figure en exergue d'un ouvrage qui, lui aussi, «grogne», «ricane», et laisse échapper un souffle de révolte: Vivre et penser comme des porcs, de Gilles Châtelet. Docteur d'Etat en sciences mathématiques, l'auteur est aujourd'hui professeur à Paris-VIII. Après un passage à l'IHES, il fut un temps directeur de projet au Collège international de philosophie.

Gilles Châtelet propose un diagnostic de la société contemporaine, en prenant position, en un sens quasi militaire, contre toute espèce de compromis avec «la force des choses». Vivre et penser comme des porcs ressemble à une photographie du monde d'aujourd'hui. On y rencontre des économistes, sociologues et autres intellectuels, qui fabriquent l'époque à coups de concepts: société tertiaire de services, ère postindustrielle, démocratie-marché, monde communicationnel, fluidité des échanges, autorégulation" On y reconnaît des profils types, cyniquement dénommés Turbo Bécassine et Cyber Gédéon: des gens heureux, libres dans leur tête, «anonymes et précaires comme des gouttes d'eau ou des bulles de savon»: Gilles Châtelet tourne en dérision les effets de manches de la bonne conscience humaniste qui met plus souvent la main sur le coeur qu'au porte-monnaie pour rendre hommage aux charniers en tout genre, couvre de sarcasmes les attitudes niaises du bon genre réaliste qui juge «informatif» le zapping, «communicationnel» le surf sur l'Internet. «L'ordre cyber-mercantile» a réussi à plonger ce monde dans la «fluidité», autrement dit la circulation des biens et des personnes avec une réduction maximale de tous frottements . «C'est l'image photonique du monde rêvé par le financier spéculateur d'un monde où tout bouge absolument sans que rien ne bouge.»

Gilles Châtelet dénonce en outre un dangereux décervelage, car l'ère postindustrielle et postmoderne est aussi «post-métaphysique». Une solide articulation de vérités physiques (du chaos et de l'auto-organisation) avec les prétendues règles de l'économie mondiale est ainsi aux commandes d'un «mécanisme invisible qui est le véritable pouvoir dirigeant de notre monde». Ce pouvoir a la puissance d'une «Grande Armée» qui se fait forte «de conjuguer les talents des vestes en tweed des sciences molles et ceux des blouses blanches des sciences dures». Gilles Châtelet s'élève contre la manipulation du mercantilisme tout-puissant sur les individus, et contre ce qui en découle pour la pensée .

Châtelet montre comment «une science, la théorie générale des réseaux et systèmes (la cybernétique)» a favorisé «la fabrication de comportements garantissant une étanchéité totale à l'intelligence politique». Où l'on se flatte d'être toujours disponible «pour l'échange de tondeuses, de pastèques et surtout, bien sûr,"d'informations sans se contrarier le moins du monde de devenir des "unités organiques plus ou moins complexes, affublées de droits de l'homme et capables de "rétroagir à l'environnement». Il est illusoire de se conforter dans les analogies fumeuses entre une Nature chaotique et autorégulatrice, et une Culture supposée éclose dans quelque «anarchie rationnelle» incitant à un «laisser-faire» généralisé; également faux de réduire l'«homme ordinaire» à un «homme moyen», et intellectuellement douteux de réduire le langage à un pur et simple «rapport instrumental». Elles ont fait naître un vaste soupçon de parasitisme concernant toute activité qui ne manifesterait pas immédiatement une certaine «visibilité opérationnelle». «Et l'empiriste mercantile de beugler: "Il est temps de réquisitionner la science et la religion et de mettre à contribution tous ces savants qui ne fichent rien et tous ces prêtres qui font la guérilla!»

Quelques remarques consolantes: «Le malaxage en peuples-marchés et en cyber-bétail réversible n'a pas encore triomphé! L'excellence comme telle ­ celle des savants, des artistes, de penseurs ou des grands tribuns ­ est respectée par beaucoup de gens qui n'ignorent pas qu'il existe un abîme entre les parasites et les créateurs.»

L'auteur conclut avec un scepticisme confiant qu'il faudra beaucoup d'éloquence à la «Grande Armée» pour faire oublier que «nous serons bientôt sept milliards à être victimes de cette malédiction qui, voici presque deux siècles, scandalisait Burke: "Plus on produit de richesses, plus il y a de paupérisme!» «Le travail est écartelé entre le travail-corvée de la survie et le travail-performance de la Surclasse. C'est négliger que seul le travail-patience engage une amplification inouïe de la liberté, à la fois en extension, par le biais d'un développement de la puissance d'agir de chacun, et en intensité, par la découverte d'une plasticité propre à l'individuation humaine. (") Ce serait peut-être une définition moderne du communisme: "A chacun selon sa singularité. De toute manière, il y aura beaucoup de pain sur la planche, car nous devons vaincre là où Hegel, Marx et Nietzsche n'ont pas vaincu.»

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Klaq

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