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C'est désormais officiel : Léa Salamé, matinalière de France Inter depuis une décennie, animatrice de Quelle époque! le samedi soir sur France 2, prendra les rênes du 20 heures de France 2 à compter de septembre prochain, remplaçant ainsi Anne-Sophie Lapix, non-reconduite et en route pour M6 et RTL.

Voilà pour la partie mercato, qui agite les journalistes médias depuis plusieurs semaines, et les pousse à publier vite, le plus vite possible, pour pouvoir inscrire "INFO LE PARISIEN" au moment de révéler que Léa Salamé "prend" le 20 heures de France 2. Cette embauche pose plusieurs questions. Certaines d'entre elles ont été immédiatement soulevées par les médias qui relatent la nouvelle. D'autres, moins.

Premier point, rappelé à peu près partout : Léa Salamé est en couple avec Raphaël Glucksmann, eurodéputé du parti Place publique. Cette information, connue de longue date, prend évidemment plus d'épaisseur encore, maintenant que l'on peut écrire : la présentatrice du deuxième JT le plus suivi de France est en couple avec un plus que probable candidat à l'élection présidentielle de 2027, qui va a minima jouer un rôle important dans cette élection (laquelle pourrait bien avoir lieu avant 2027, en cas d'élection anticipée).

Ce n'est pas rien, et cela poussera mécaniquement la journaliste à se mettre en retrait des interviews politiques, lorsque cette campagne sera lancée, d'ici une petite année seulement. Une grande partie du job donc, que le nouveau visage du 20 heures ne pourra remplir. Embêtant, mais pas rédhibitoire visiblement pour la direction de France Télévisions, qui avait auparavant essuyé, pour le même poste, le refus de Caroline Roux.

Autre conséquence de cette nomination, dont il est nettement moins fait mention dans les articles de presse du jour. Si Léa Salamé va quitter France Inter, elle conservera son émission du samedi, Quelle époque!. "Autour d'un café vendredi, Delphine Ernotte lui a encore assuré qu'elle pourrait cumuler le JT et Quelle Époque!, son émission à succès du samedi soir", écrit Le Parisien, ce 19 juin.

Le cumul est à la mode en cette rentrée 2025 : la journaliste n'est en effet pas la seule à empiler les casquettes. À compter de septembre, on pourra ainsi entendre Benjamin Duhamel le matin sur France Inter, et le soir sur BFMTV. Un aller-retour entre le service public et et un groupe possédé par un milliardaire qui ne choque visiblement que les syndicats de Radio France.

Dans le cas de Salamé, ce cumul pose d'autres questions. Peut-on, du lundi au jeudi, animer le 20 heures de France 2, avec ce que cela suppose de retenue, de réserve et de rigueur, et le samedi soir une émission de divertissement où, ces dernières années, Éric Zemmour, Raphaël Quenard ou Nicolas Bedos, notamment, y ont été interviewés avec complaisance ?

Un autre "moment de grâce" colle à la peau de la journaliste : un entretien avec Carlos Ghosn datant de 2020. L'ancien-président de Renault Nissan vient alors de s'enfuir du Japon, où il était accusé de malversations financières. Face à lui, peu après cette fuite rocambolesque, objet de nombreuses rumeurs, Léa Salamé demande : "Votre évasion fascine absolument le monde entier, pour beaucoup d’enfants vous êtes l'homme qui a voyagé dans la malle. Vous avez vraiment voyagé dans la malle ?". Symbole, selon beaucoup à l'époque, d'une forme là aussi de complaisance, face à un grand patron qui refuse de se soumettre à la justice d'un pays.

Dernier point : Léa Salamé est co-productrice de son émission, Quelle époque !. Elle pense donc aussi, en préparant ce programme, à ses propres intérêts. Peut-on être en même temps et cheffe d'entreprise, et productrice, et présentatrice de la "grande messe" du 20 heures ? Réponse à partir de septembre.